Du 9 mars 2011 au 2 février 2017, j’ai aussi publié sur Triplex, le blogue techno de Radio-Canada.
Sur le blogue Triplex, je relatais l’ampleur des impacts d’internet sur notre société et nos vies. J’y abordais les thèmes qui me sont chers: l’éducation, les médias, le travail, la politique, le marketing, la communication, la philosophie, l’environnement, les médias sociaux…
J’y ai beaucoup appris et je suis reconnaissant que Radio-Canada m’ait accueilli. Voici ce que j’écrivais il y a 6 ans:
Le rythme.
Écrire un billet tous les trois jours diffère de mon habitude de bloguer ici (sur Zéro Seconde, j’écris quand je veux).
Un tel rythme impose une contrainte particulière. L’agenda en est le moteur. Or, un rythme médiatique me fait toujours penser à la «société du spectacle» de Guy Debord, concept caractérisant un certain rapport social médiatisé par des images, où l’information est un simulacre de la réalité.
Une chronique régulière basée sur une fréquence éditoriale et non sur les besoins de l’actualité, induit toujours l’idée du spectacle.
Je vais tenter de déjouer le piège le mieux que je peux, mais autant à l’interne (chez Radio-Canada) qu’à l’externe (l’audience) je vais assurément en déranger certains –peut-être beaucoup. Ne comptez pas sur moi pour vous remplir la tête et vous tenir la main.
La portée.
Moi qui écris depuis quelques années sur la mutation de l’écosystème de l’information, depuis l’arrimage des nouveaux médias aux médias traditionnels, je dois dire que maintenant entré dans le ventre du dragon, je dois modifier mon vocabulaire.
Médias traditionnels versus nouveaux médias? Ça fait 20 ans qu’ils sont nouveaux, ils ont fini par être vieux; et les trads montrent aujourd’hui qu’ils ont rattrapé leur retard.
Triplex est un « plus grand média » que Zéro Seconde. Je dois donc faire attention à pouvoir être lu de tous. Et je me ferai traiter de journaliste. Pas que ce soit un insulte. Mais ce n’est pas vrai que je suis un journaliste. Point. Je suis blogueur.
Le contenu.
Sur Triplex, probablement, j’aurai moins tendance à tenir pour acquis que les gens savent de quoi je parle. J’aurai à expliquer davantage certains concepts. Mes meilleurs billets passeront inaperçus. Le plus banal récoltera le plus de commentaires. Je serai toujours aussi bon que le dernier billet publié. Je devrai m’y habituer. [PS : même des années plus tard, je ne m’y habitue pas].
Mais je crois que je vais surtout faire attention à ne pas créer d’impairs. Je ne suis pas sur mon espace perso, mais bien sur un espace public restreint.
Dans la blogosphère, chacun est libre de créer du contenu. On n’a qu’à s’en prendre à soi-même si on est jaloux de ceux qui s’y trouvent. Dans un espace médiatique restreint comme à Radio-Canada (où n’entre pas là qui veut), l’espace limitée induite des tensions. C’est un jeu à somme nul. Si j’y suis, toi, tu n’y es pas. Dans un tel espace restreint, les attentes changent.
Le lectorat.
J’ai été choyé d’avoir un lectorat et des commentateurs de très haute qualité sur Zéro Seconde, et ce depuis le début.
Radio-Canada attire la foudre comme un paratonnerre. Un auditoire plus large attire des gens aux points de vue diversifiés, contradictoires, antagonistes, agressifs. Les commentaires sont rares et ne provoque généralement pas une «conversation» mais des monologues. La conversation s’est déplacée, comme chacun le sait, sur les réseaux sociaux.