J’adore ces pensées compactes qui montrent que la population a raison quand elle vote du bon bord et qu’elle a tort quand elle vote du mauvais bord.
« « Je m’attendais à ce que ce soit difficile de faire passer notre message dans la population, mais c’est devenu pire avec le temps », a déclaré en conférence de presse hier Yves-Thomas Dorval, en référence au temps où il a accédé à la fonction de président du Conseil du patronat du Québec (CPQ), il y a trois ans.
[…]
Il n’y a pas si longtemps, tous les grands débats de société se tenaient principalement dans des journaux, des postes de radio et des chaînes de télévision, a rappelé M. Dorval. Ces médias étaient soumis à des règles professionnelles et juridiques visant à assurer la rigueur, l’équilibre et la véracité des informations rapportées. » (Le Devoir) (via Julien McEvoy, à lire!)
Parole citoyenne
La parole citoyenne qui s’est exercée sur les réseaux sociaux durant
le printemps arabe est un exemple de démocratie. Mais, quand ce printemps «érable» devient québécois, surtout quand le discours qui circule ne va pas dans le sens souhaité par les dirigeants, la parole citoyenne est mise alors en doute.
«L’arrivée d’Internet a amené l’explosion de médias sociaux où l’information se fait plus personnalisée, mais aussi beaucoup moins objective, rigoureuse et fiable, estime-t-il. Or une proportion grandissante de la population — particulièrement chez les 35 ans et moins — s’informe désormais principalement auprès de ces médias.»
Est-ce que la population a son mot à dire, tant et aussi longtemps que c’est pour dire la même chose qu’eux?
«Cette évolution pose un problème particulier aux gouvernements et aux entreprises qui sont soumis à des règles très strictes de communication.»
Quoi? Le rapport de force aurait donc changé? On reconnait au peuple la capacité de réfléchir, seulement si ce n’est pas cet acte de raisonnement, mais un bien une action de renvoyer la même image?
Comme si la population n’était pas elle aussi soumise à des règles strictes de communication auparavant. En l’occurrence, le silence radio, car elle n’avait tout simplement pas accès aux outils de communication. Cette stagnation posait un problème particulier aux citoyens, non?
Je blogue, donc je suis
Le rapport de force a changé, car la population peut s’exprimer, à tort ou à raison, car c’est son droit le plus souverain.
A.J. Liebling, célèbre journaliste américain du siècle dernier disait « Freedom of the press is guaranteed only to those who own one. » On pourrait paraphraser « Freedom of the speech is guaranteed only to those who own a social media profile. »
Une société n’est pas un groupe Facebook
M. Dorval pose une bonne question, et il faudrait y répondre plus en profondeur, mais disons d’emblée qu’il faut s’entendre sur une chose avant d’ouvrir le débat (qui n’aura pas lieu «principalement dans des journaux, des postes de radio et des chaînes de télévision»): si un message ne passe pas, ce n’est pas nécessairement parce qu’en face on n’écoute pas.
L’approche pragmatique du conseil du patronat du Québec, qui s’était donné pour mission de convaincre les Québécois que «la préservation de leur qualité de vie dépendra de leur capacité de prendre virage de la création de richesse» (objectif noble), ne passe peut-être pas sur les médias sociaux, pour la simple et bonne raison que les définitions de «qualité de vie» et «richesse», qui sont les leurs, ne sont pas nécessairement les mêmes pour les autres.
Si vous n’avez pas beaucoup de «like», ce n’est pas la faute à Facebook…
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