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«Le jeu vidéo est devenu un art à part entière. On le nomme même le 10e art.» – Guy Berthiaume, président-directeur général de la BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec)
Dans son billet de ce matin, Laurent Lasalle reprend la nouvelle sortie hier sur le fait que la Grande bibliothèque accueillera dès le mois de mars 2012 des jeux vidéos sur notre blogue collectif, à Radio-Canada, Triplex.
Le studio montréalais Warner Bros. Games offrira des jeux vidéo, pour l’emprunt. Ubisoft, autre firme montréalaise, suivra prochainement, selon Le Devoir. Montréal, étant une capitale du jeu vidéo, ce n’est qu’un juste retour des choses.
Ce n’est pas une nouvelle anodine
La déclaration de Berthiaume, que le jeu vidéo est devenu le 10e art, ne tombera pas dans les oreilles de sourds.
La SODEC propose un virage numérique pour toute l’industrie culturelle québécoise et on en verra les aboutissants au cours des prochains mois et années. J’ai participé d’ailleurs à la rédaction des orientations stratégiques et à la rédaction du rapport à la Ministre de la Culture du Québec.
Or, une question qui revenait toujours était celle de considérer ou non les jeux vidéos comme de la « culture ».
Si la réponse est oui, comme le suggère Berthiaume (et comme WB Games et Ubisoft ont intérêt à le promouvoir), cette industrie pourrait recevoir des subsides de la SODEC, organisme d’État chargé de supporter les « arts » comme la musique, cinéma, télé, etc.).
Avec comme conséquence, la diminution de la tarte à se séparer entre tous.
Ce n’est pas une déclaration anodine et le geste d’intégrer les jeux vidéos dans le temple de la culture qu’est la Grande bibliothèque aura un impact probable dans l’avenir…
À vrai dire, le Canada ne va que s’aligner aux États-Unis: http://www.digitaltrends.com/mobile/us-government-officially-recognizes-video-games-as-art/
Notons aussi que les jeux ont intégré les bibliothèques comme la Library of Congress depuis belle lurette. Aux Canada et au Québec aussi, les jeux vidéo sont dans les bibliothèques depuis plusieurs années. La Grande Bibliothèque ne fait que se mettre à niveau des institutions internationales.
Thierry, merci pour les précisions.
Thierry, autre point: que la Grande Bibliothèque emboîte le pas à un mouvement nord-américain est une chose, mais que cette institution le fasse, à ce moment-ci, est autre chose. Moins pour le geste lui-même, mais pour la symbolique que cela envoie l’industrie et aux institutions culturelles québécoises, en large part subventionnée, donc sujette à des tractations politiques. Si cette grande institution québécoise considère les vidéos comme de la culture (on ne parle pas ici de bibliothèques de quartier, mais de LA Grande Bibliothèque), alors le signal est beaucoup plus fort. Le reste du continent peut bien faire ce qu’ils veulent, le domaine culturel est géré ici par des institutions. Oui la Grande Bibliothèque se met « à niveau », mais elle enclenche du fait même une redéfinition du statut des jeux vidéos en tant qu’oeuvre qui est en porte-à-faux avec la SODEC notamment (les jeux ne sont pas couverts dans la charte de la Société de développement des industries culturelles)