Il y a 50 ans, écrivait Seth Godin cette semaine sur son blogue, le ratio était de 1 000 000 à 1. Pour chaque personne dans les médias, il y a 1 million de spectateurs. Ce ratio diminue depuis des années.
La majorité des gens étaient en mode consommation. Peu étaient des créateurs de contenu.
100000:1 Les magazines ont ramené ce ratio à 100 000 pour 1. Un rédacteur d’un grand magazine pouvait espérer avoir un impact sur beaucoup de monde.
10000:1 Les canaux spécialisés sur le câble et les magazines spécialisés font baisser ce ratio à 10 000 à 1, continue de raconter Godin. Il est possible de cerner davantage les intérêts particuliers.
1000:1 Puis vient le temps des blogues et des podcasts, de YouTube et de Twitter, où chacun peut maintenant espérer avoir une audience de 1000 personnes.
Tendre vers zéro
Godin se demande à la fin de son billet à quoi peut ressembler un ratio qui tendrait vers zéro.
Je crois qu’on peut lui répondre ceci:
100:1 ? Probablement Facebook.
10:1 ? À n’en pas douter, c’est le courriel.
1:1 ? Hé bien c’est FaceTime. Mais là, le téléphone l’a devancé depuis plus de 100 ans…
Pourquoi s’arrêter en si bon chemin?
À quoi ressemblerait un ratio inverse? C’est-à-dire zéro lecteur et un créateur?
0:1 ? Un iPod branché à un Nike! Vos baskets vous renseignent sur votre état de santé ou d’avancement dans vos entraînements…
Au début 100% des humains étaient producteurs de contenu oral.
L’histoire fait d’environ 20% des humains des producteurs de contenu écrit. Le contenu oral ainsi devenu obsolète.
Les capitaux contrôlant les médias de masse sont détenus par moins de 20% de la population. Simplement savoir écrire n’est plus suffisant pour passer à l’histoire et pour la fabriquer. L’alphabétisation naturelle est d’ailleurs beaucoup plus généralisée et donc sans aucune valeur.
Derrière les médias sociaux qui donnent maintenant à un pourcentage toujours grandissant de gens l’impression d’être pertinent, les programmeurs et architectes et administrateurs qui les rendent possibles représentent beaucoup moins de 20% de la population. Langage machine.
Ce cher Seth ne s’intéresse tout simplement pas au bon ratio. Le ratio réellement intéressant ne semble même pas lui être visible.
0:1 et ton exemple de Nike+, c’est la nudité formelle. Ta vie est un jeu (ici, les points sont des kilomètres bidon). Ludification = domestication. L’inverse, c’est la littératie, acquise par une forme objective de littérature. Le ratio des bergers qui y accèdent est universellement constant à environ 20%.
Oui, il me semble que c’est là une excellente façon de (se) représenter la révolution en cours, et le caractère évidemment démocratique dont elle est porteuse.
Un autre ratio important serait celui de l’image sur le texte. J’assistais hier à un beau mariage où l’on voyait les participants (surtout des jeunes) échanger les photos qu’ils faisaient à vitesse réelle. C’était très impressionnant.
L’image est passée, de la marge, au coeur de la communication.
Il est où le bouton like ?
Martin, si j’avais des loisirs et pas que du boulot, 🙂 j’écrirais un petit roman dont le prière d’insérer irait comme suit :
2084. Les efforts des grands moteurs de recherche pour géolocaliser les résultats de recherche ont finalement porté fruit. Tant et si bien que toutes recherches menées par des individus (ils et elles se prénomment tous K) ne renvoient qu’à eux-mêmes, à ce qui les constituent, sans trace tangible de l’autre. Mutation complète. La rareté absolue. Le beau rêve du partage planétaire (le web social) finira-t-il par l’atomisation complète des individus ne trouvant dans l’autre que le fantasme de son propre être : autofascination et narcissisme généralisés. La société de l’information rêvée au siècle précédent par Gore et compagne de joyeux lurons du développement économique planétaire culminera-t-elle vers une schizophrénie généralisée? Florence Coton et sa bande de bibiothécaires gamificateurs veillent au grain pour éviter le pire…
paru initialement ici : http://bibliobabil.com/2011/05/27/total-local-bebette-berube-en-remission/
Bon dimanche!
Luc Jodoin
L’histoire du iPod branché au Nike, c’est pas sérieux. C’est vraiment n’importe quoi.
Les souliers et les ipods ne SONT PAS des personnes.