«En 2011, le tract, l’appel à la mobilisation, peut désormais entrer en 140 caractères dans un tweet» écrit Fabien Deglise, dans Le Devoir, pour montrer que les outils sociaux numériques peuvent faire partie de la trousse d’un manifestant. À ce jeu, certaines langues ont des «tracts virtuels» beaucoup plus longs que d’autres.
140 caractères sont une limitation qui restreint la pensée que pour les langues alphabétiques. On oublie que dans les langues à idéogrammes, comme le chinois et le japonais, le «caractère» est souvent un mot.
Voici un exemple en 140 caractères pile-poil! En chinois, s’entend.
Ce qui veut dire:
«La Chine, ici, est géniale, tant que l’on comprend, s’adapte et utilise correctement les règles tacites. Pourvu que vous vous n’en fassiez pas si le système politique est barbare, immature, sans contrepoids et à l’avenir incertain; si vous fermez les yeux sur une primauté du droit non appliquée, l’absence de justice, l’iniquité dans la société, et la disparité des richesses; si vous n’avez pas besoin de liberté d’expression, de liberté de croyance, d’être à l’abri de la pauvreté, ou de la peur; et si vous ne vous souciez pas de l’épuisement des ressources, de l’effondrement de l’environnement, et de la pollution de l’air, de l’eau et des sols. Eh bien, c’est le paradis.»
En comparaison, tweeter en français correspond à éructer le titre alors que le Chinois, lui, récite tout le livre au complet. Quand on a la place pour aller au-delà du simple slogan, un véritable message peut circuler. Le microbloggage, en chinois, prend tout son sens.
Bien sûr, certains trouveront toujours que ce n’est pas encore suffisant tout faire passer Marx avant de se lancer dans une révolution, mais ça ne rentre pas dans aucun média socionumérique de toute façon (et ça ne marche pas comme ça). 140 caractères (ou mots, dans ce cas-ci) peut être suffisant pour «proposer du sens», sans se faire attribuer le quolibet de nom d’oiseau. En chinois, certainement. On peut passer un appel à la mobilisation et expliquer pourquoi!
Source
J’ai découvert ce «birdy» (un tweet de 140 caractères d’un coup) via un ami, bien au fait de ce qui se passe en Chine. Le Tweet chinois original vient d’un site de microbloggage d’un journaliste chinois, Cheng Yizhong, tel que rapporté par le blogue de Siweiluozi, d’où j’ai pris la version chinoise et sa traduction http://www.siweiluozi.net/2011/02/this-is-your-paradise.html