Cette semaine, suite à une décision de justice du Tribunal de Commerce de Paris, le terme « arnaque » est retiré des suggestions de recherche que propose Google lorsqu’on tape des mots clés («Google Suggest»). (source Legalis.net, via Journal du Net)
Le Google «autocomplète» les mots clés au fur et à mesure de la saisie des requêtes, mais certaines compagnies voyaient à côté de leur nom le mot « arnaque ». Autant dire une cicatrice qui défigure le visage de leur marque.
CNFDI (Centre National de Formation à Distance), était une des « victimes » de ces requêtes les accusant d’arnaque. L’histoire ne dit pas si c’était fondé.
Finalement, Google a retiré le terme « arnaque » de ses suggestions. Jusqu’à lors, pour se défendre, Google invoquait le caractère automatique, sans intervention humaine, de son algorithme. C’est un processus complètement automatique, disent-ils. Pourtant, le moteur de recherche évite les propositions «qui pourraient offenser un plus grand nombre » comme «les termes grossiers, ainsi que les termes incitant à la haine ou à la violence». Ce qui laisse entendre qu’il y a effectivement intervention humaine.
Le tribunal n’a pas mordu à l’hameçon (source). Google a été obligé de coopéré et de réparer. Arnaque n’est plus un mot suggéré.
On oublie trop souvent que derrière le moteur se cachent des principes implicites de classification du savoir et d’organisation de la connaissance. Les peuples, les cultures et leur gouvernement doivent impérativement s’intéresser à ce phénomène au risque de voir disparaître un pan de sa connaissance parce qu’un « algorithme en a décidé ainsi »…
Maintenant ce sont les avocat qui décident…
Brevets frelatés
Actuellement, ce sont les tribunaux et les avocats qui pavent la voie du futur: on a qu’à regarder le double camouflet que le département des brevets américains a donné au gros bon sens.
La semaine dernière Facebook se voyait octroyer le brevet pour le « newsfeed » et Google a réussi à décrocher le brevet de publicité local (Location-based Ad patent). Deux brevets déposés de longue date, à une époque qu’on pourrait qualifié de pré «web 2.0».
Facebook a breveté le fait que vos « actions » dans votre réseau social apparaissent dans le newsfeed (apparemment, ça ne concerne pas vos changements de statut). La liste automatique de « untel est devenu ami » et « un autre va à cet événement » est devenue propriété intellectuelle de Facebook.
Google possède quant à lui, la propriété intellectuelle “determining and/or using location information in an ad system.”, c’est-à-dire déterminer ou utiliser le positionnement géographique comme intrant à un système publicitaire ciblé. Dans le monde du mobile, c’est un énorme avantage.
Le US Patent and Trademark est le même organisme qui avait octroyé à Amazon le 1-click buying, la possibilité d’effectuer un achat en un clic. Ils ont vraiment de la suite dans les idées. Mais ils n’ont aucune idée dans quel monde nous sommes.
Le juridisme dans le numérique n’a pas sa place.
Lors d’une consultation d’un moteur, la page de résultat qui s’affiche est peut-être un savant algorithme, il n’en est pas moins une représentation du monde, où se cachent des principes pas toujours neutres de classification du savoir et d’organisation de la connaissance.
De la même façon, les brevets ne sont pas des avis techniques sans conséquence, il façonne le marché et bloque l’innovation. Le web s’est bâti à coup de sédiment sur un code et une infrastructure majoritairement dans le domaine public.
Il y a quelque chose de pourri dans ce royaume.
Et je ne peux même pas ajouter arnaque…
Ce commentaire a été supprimé par l’auteur.
Belle mise en perspective de deux réalités inquiétantes, en effet. La première, c’est la fragilité de l’identité numérique qu’il est devenu assez facile, aujourd’hui, de corrompre par des artifices relevant du SEO. Les bonnes vieilles campagnes de salissage ont encore de l’avenir!
La seconde n’est pas plus nouvelle mais drôlement plus inquiétante, à mon humble avis. Les brevets logiciels à l’américaine constituent en effet une folie favorisant avant tout la concentration du pouvoir d’innovation entre les mains de quelques grandes entreprises mondialisées. Elles seules ont les moyens (armées d’ingénieurs, partenariats universitaires, commandites, etc.) d’être à l’affut des ultimes tendances techno de l’heure et de les verrouiller au moyen de brevets coûteux avant qu’elles ne deviennent « évidentes » — et même si elles le sont déjà aux yeux des « utilisateurs précoces » (traduction libre et vaguement douteuse de « early adopters« ;~)
La bataille a déjà fait rage en Europe où elle n’est malheureusement pas du tout gagnée.
Il me semble que l’on devrait s’y intéresser au Québec où fleurit une industrie informatique importante mais guère de taille à rivaliser avec nos géants voisins. Mais peut-être est-il plus sage de collaborer avec le Grand Frère, ce qui permet de se nourrir en desservant sa table ;~)
Christian, l’Amérique fait de l’isolationnisme sans le dire, finalement…
Brevets frelatés mais légalisés
Tout ces droits d’auteurs abusifs servent finalement à proteger les positions dominantes. Aujourd’hui ce sont les entreprises américaines qui en bénéficient le plus et apres-demain elles seront asiatiques.
En attendant, les avocats comme les banquiers se font payer pour leur service quelque soit le bénéficiaire.
Paul
«Ce qui laisse entendre qu’il effectivement intervention»
Si tu le dis!
Anonyme, «y a, y a», comme dirait l’autre. Je persiste et signe (et je corrige en passant) 😉
Bonjour,
Très bon blog, j’ai bien aimé.
C’est très riche au niveau de contenu et la qualité des articles.
Ca me fait plaisir, de vous laisser ce mot cher ami
David Tremblay.
http://www.immigrer-aucanada.blogspot.com