Facebook change ses paramètres de confidentialité, transformant les épais murs en minces parois de verre. Changez les conditions d’un environnement et vous verrez ses habitants changer leur comportement. Exit la sincérité, bienvenue aux avatars!
Facebook s’est fait reconnaître pour une plateforme de socialisation fermée, où les échanges à l’intérieur n’étaient pas accessible sur Internet à moins d’être (1) membre de Facebook et (2) « ami » avec la personne (ou encore « ami d’amis »). Les changements de paramètres de confidentialité changent la donne et ouvrent à tout vent les contenus intimes de millions de gens.
Cette brusque lumière braquée sur nos échanges épistolaires numériques engendra une rapide «mise en scène» des profils au détriment d’une « franchise », peut-être naïve, mais créateur d’un véritable échange.
Facebook n’est officiellement plus un réseau social fermé, mais une plateforme sociale ouverte (lire Fred Cavazza, «Comment les nouvelles règles de Facebook vont modifier le comportement des utilisateurs», 13 janvier 2010).
«[ L]a confidentialité est un élément moteur dans la dynamique communautaire, changez les règles et vous changez la façon dont les utilisateurs vont se comporter» raconte Fred Cavazza dans un texte à la fois intelligent et intelligible sur le changement de stratégie radicale de Facebook.
«[…] Facebook a depuis le début affiché une volonté de privatisation des échanges, ce qui a participé à son succès pour en faire le lieu de rencontre et de partage de référence dans le monde. Mais maintenant la donne a changé : Les profils sont devenus publics par défaut et tant pis pour les informations personnelles et photos que vous avez publié il y a plusieurs mois / années», dit-il, en tablant sur le fait que peu de personnes iront changer leurs paramètres de confidentialité. Autrement dit, les paramètres «par défaut» ont changé, donc ne rien faire équivaut à accepter le changement.
«[…] la confidentialité est un élément moteur dans la dynamique communautaire, changez les règles et vous changez la façon dont les utilisateurs vont se comporter.» Quels comportements? D’échange épistolaire de l’intime ou du privé, la communication sur Facebook devient publique et un profil se transforme de facto en avatar.
Source des citations: Fred Cavazza, «Comment les nouvelles règles de Facebook vont modifier le comportement des utilisateurs»
Notez bien que la possibilité de retourner aux paramètres privés est possibles, mais sera sûrement peu suivi par la masse…
L’avatar, ambassadeur numérique de l’individu
On imagine souvent l’avatar comme une représentation fantaisiste d’une personne (voir les images associées, les pseudonymes ou les descriptifs dans certains profils de forums ou de plateformes de socialisation)
Mais on oublie que l’avatar peut être votre visage, votre nom et vos « status update »: ils créent à eux seuls un avatar en ce sens qu’ils ne sont pas «vous», mais «votre représentation numérique».
L’avatarisation de Facebook signifie que les profils devenus publics auront tendance à contrôler leur image sur la place maintenant ouverte. De la même manière que vous contrôler votre image dans l’espace public.
Vous avez déjà un avatar
Il ne faut pas voir l’avatarisation comme un mal issu du numérique, ce phénomène existait bien avant (même s’il ne portait pas ce nom):
- Votre CV est votre « avatar » dans le monde professionnel
- Le choix de votre cravate, de votre robe, votre coiffure ou votre maquillage
- La marque de votre voiture, votre marque de bière «préférée»
- Vos sujets de conversation, vos intérêts dévoilés
Tous ces choix que vous vous faites en public révèlent qui vous êtes. Ou plutôt, il révèle pour qui vous voulez vous faire passer. Ensuite, l’adéquation entre le réel et le projeté est une autre affaire : la tension pour équilibrer la « véracité » dépend de la culture sociale ambiante (et changeante).
Mais vous devez reconnaître tout de même que vous avez déjà «avatarisé» votre image publique.
La maison de verre
En en discutant avec Patrick Tanguay dans les jours qui ont suivi la publication de l’article de Fred Cavazza, on remarquait outre l’incongruité du geste de Facebook (ils cherchent à se positionner sur le terrain de Twitter, le « real time », un beau cas inversé où c’est le Boeuf qui veut se faire plus petit que la grenouille), la communauté se retrouve sans réelle alternative:
où aller si on veut retrouver l’intimité des premiers temps sur Facebok? y a-t-il une autre alternative? Une place « publique » fédératrice qui permet des « alcôves d’intimité »?
Si plusieurs voient les réseaux sociaux comme une façon de se faire de la visibilité (en lien avec ce que je prône pour les professionnels), je crois, malheureusement pour Facebook, que puisque la grande majoritédu public ne s’y intéresse pas, il lâche du coup la proie pour l’ombre…
On aimerait bien une plus grande éclaircissement sur votre dernier paragraphe. Généralement l’expression populaire dit de quelqu’un qui se trompe »qu’il lâche la proie pour l’ombre » (http://www.francparler.com/syntagme.php?id=250).
ici vous affirmer le contraire ( »…prenant du coup la proie pour l’ombre… »), donc voici ce que j’interprète du dernier paragraphe, outre la rhétorique de détourner une expression:
-l’usager lamda de FB ne s’intéresse pas aux réseaux sociaux pour faire de la visibilité.
-vous prôner la visibilité (essentiel) pour les professionnels
-l’usager lambda ne cours pas après l’ombre mais la proie (donc n’abandonne pas un avantage réel pour un profit illusoire)
-l’avantage réel est la proie a attraper.
– Le lambda de FB cours après la visibilité (ce que vous trouvé essentiel)
Donc je comprend…plus rien.
Vous vouliez dire quoi?
François, mon erreur: prendre–> lâcher
«je crois, malheureusement pour Facebook, puisque la grande majorité ne s’y intéresse pas [à se faire de la visibilité sur le réseau], qu’il lâche du coup la proie pour l’ombre…»
je vais modifier.