Émeutes à Montréal. Non ce n’est pas pour soutenir le peuple opprimé du Tibet. La victoire d’une équipe locale de sport sur glace a servi de déclencheur. Inutile de sortir le kärcher pour les provoquer. On a les jacqueries que l’on mérite.
Ces émeutes générées par les utilisateurs sont-elles emblématiques d’un manque de sagesse des foules? Ce serait faire preuve d’exagération synedoctique, de prendre la racaille pour le tout.
On m’a demandé si le web 2.0 était à l’origine de ces relents de révoltes post-démocratiques. Évidemment non, pas plus qu’un Bush est impliqué dans la réduction du réchauffement climatique.
Les réseaux sociaux et le mobile ont peut-être facilité les communications. Mais ce sont surtout des échos grégaires et ataviques d’émeutes semblables qui ont eu lieu en 1993. On ne peut accuser le web d’avoir été le responsable à l’époque.
Évidemment, l’écosystème informationnel aujourd’hui inclut Internet, mais la dorsale symbolique sur le continent de Disneyland est ailleurs. Je ne crois pas qu’être sur Youtube soit un incitatif virulent pour incendier des voitures.
Comme dans les banlieues hexagonales sarkozyques de 2005, les médias ont joué leur rôle de pompier incendiaire. On sait tous que le calme est revenu lorsque la télé a cessé de reproduire en direct la carte du pays mouchetée de points en feu pour indiquer le score national de la compétition des pyromanes. Là-bas, par contre la source du problème était autre.
Ici, se voir dans l’écran mobile de poche de son cousin un soir d’ennui devant le Macdonald local génère moins d’adrénaline que de passer en direct à la télé sur la 50 pouces des sales bourgeois. La une de FaceBook génère, encore, moins de notoriété glamour que la une du TJ.
La télé réalité leur a martelé depuis les débuts que la vie n’existe qu’à l’écran. Ne soyons pas étonnés qu’ils se mettent à vivre quand les spots s’allument. Nous sommes à l’ère du feedback socio-médiatique : un effet Larsen des médias qui provoque en retour ce qui n’existait pas.
Je ne sais pas si la sphère médiatique est capable d’auto-discipline mais comme l’engouement s’amplifiera à mesure que l’équipe locale en question s’approche de la grande finale, sera-t-elle capable de couvrir l’événement de loin? Ou l’audimat remportera-t-elle la coupe?
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L’équipe de hockey pourrait aussi se cotiser en fouillant dans leur poche; les manifestations de 1993 ont coûté à la ville à peine le salaire d’un seul joueur.