On me demande souvent ce que je pense de Second Life. Il faut distinguer deux choses. L’approche métaphorique et le lieu lui-même.
L’approche métaphorique de l’interface
Quoiqu’épatante, elle n’est pas en soi une nouveauté récente (les consoles vidéos ont pavé la voie), mais elle a le mérite d’être « intuitive » : un espace visuel en 3 dimensions (4 si on inclut le temps) pour accéder à l’information. Yahoo en VRML, et les MUD/MOO vous vous rappelez il y a 10 ans? Les machines et la bande passante aujourd’hui sont plus robustes pour permettre la rencontre des deux.
Comme toute métaphore, elle permet de mettre l’emphase sur certains éléments tout en réduisant d’autres aspects. Pour des interactions relationnelles elle surpasse une page web, pour ce qui est de transmettre des connaissances, par contre, elle manque de flexibilité. En fait, tout dépend de l’usage que l’on veut en faire, si on tient à juger de la pertinence ou non de la métaphore.
La location, la location, la location
Mais pourquoi cet engouement pour Second Life? (elle n’est pas la seule: Entropia Univers, There, Habbo Hotel, Cyworld). Voilà ce qui tient au lieu lui-même. La meilleure explication que je peux donner c’est que Second Life est comme _le_ bar en ville, le Studio 54 du mois, la saveur à la mode. C’est un bar, une discothèque, un salon où, par un effet d’entraînement social, tout le monde veut y être en même temps, pour voir et se faire voir.
Retenons ceci: c’est la place à être. Pour être vu. Point. Demain, il y aura un autre bar, discothèque, salon en ville qui aura la cote et tous changeront de place. Mais pour l’instant –combien de temps?– c’est encore l’endroit où être. Certains ne s’y sont pas trompés (voir ML+SL), même si on sait que, éventuellement, la foule tue la foule. D’autres fuiront ces puériles mondanités.
Pas vu, pas linké
Pourquoi s’en préoccuper? Si vous ne buvez pas de bière et n’aimez pas sortir, peu vous en chaut que ce soit le bar in en ville. Mais si vous cherchez à rejoindre un public, à vous faire voir, entendre, connaître, il importe de savoir quelles sont les actions à faire pour faire parler de vous. Une tactique de relation publique de plus, quoi.
En ce sens, Second Life est populaire principalement pour le lieu lui-même, et relativement moins pour la métaphore (relativement dans le sens que nous sortons dans un endroit in moins pour son décor que pour la foule –même si à un moment donné le décor a joué un rôle dans le succès de l’endroit). Mais il n’est pas le seul lieu.
I was here
J’en tiens pour preuve les élections primaires américaines qui se tiendront sur mySpace, autre haut lieu en ville, en janvier 2008. Des élections symboliques, bien entendu. Mais vous pouvez être sûr que les candidats, et les médias, vont tendre l’oreille.
« Si on peut avoir des doutes sur le vote électronique, une telle masse de gens peut aider à dégager des tendances. Et même si on doit discuter de la validité de l’entreprise, il y a gros à parier qu’elle fera l’objet d’une énorme couverture médiatique… et donc qu’elle comptera.« (Pisani)
Tout le monde virtuel en parle
On pourrait penser que des lieux plus stricts au niveau de l’enregistrement -et pouvant localiser l’usager- serait plus approprié pour tenir des « élections représentatives » (on pense à FaceBook qui demande un courriel valide associé à une université). Mais pourquoi MySpace alors? Ici, voyez-vous, même si la bière n’est pas bonne, la foule est agréable 😉
Synthèse très bien ciblée !
Ça change de certaines inepties qu’on peut lire à propos de Second life