C’est la moitié des interviewés, d’après un sondage (juin 2005) de Nielsen/NetRatings (PDF), qui n’ont jamais entendu parlé du RSS. L’acronyme RSS reste aussi mystérieux que celui du HTML il y a 10 ans.
Use of RSS Feeds, June 2005
Survey Response Percent of Respondents4.9% :: I use feed aggregation software to monitor RSS feeds for blogs
6.4% :: I use a feed aggregating Web site to monitor RSS feeds for blogs
23.0% : I’ve heard of RSS and know what it does but don’t use RSS feeds
15.7% : I’ve heard of RSS but don’t know what it does
50.0% : I’ve never heard of RSS before today
Source Nielsen/NetRatings (PDF)
Via SearchEngineWatch
Donc, si je comprends bien, sur les 50% qui « connaissent » l’acronyme RSS :
31,4 % (15,7% du total) ne savent pas ce que le RSS fait! (à ces gens je conseille ce billet : comprendre le RSS)
46% (23.0% du total) n’utilise pas le RSS, même s’ils en connaissent les avantages.
12,8% (6,4% du total), seulement, l’utilise vraiment.
C’est à dire : connaître le RSS ce n’est pas l’adopter. Étonnant. Surtout quand on sait l’avantage évident qu’il procure à celui ou celle qui veut suivre une multitude de blogues à la fois.
Il y a donc 2 raisons possibles pour expliquer ce manque d’intérêt:
a- Ils ne lisent pas suffisamment de blogues pour avoir besoin de les suivre via un agrégateur
b- Ils ne savent même pas ce qu’est un agrégateur (connaître le RSS ne veut pas dire que l’on sait comment installer ou utiliser un agrégateur – à ces gens je conseille ce billet pour comprendre la Trinité « carnet – fil web – aggrégateur »).
Dans le deuxième cas, il faut croire qu’ils vont tôt ou tard étouffer sous l’avalanche de billets. Sans RSS, c’est comme écouter la télévision sans téléguide : on est à la merci de ce qui passe au moment où on ouvre le poste. C’est à dire manquer 99% des choses intéressantes…
La nouvelle logique de publication
Il y a 10 ans, la montée des moteurs de recherche s’est bâtie sur l’augmentation fulgurante du nombre de pages web. Les annuaires ne pouvaient tout simplement plus suivre. Les moteurs de recherches ont alors pris le relais.
Aujourd’hui, avec la montée des blogues, c’est l’agrégateur de fils web qui devient l’outil privilégié pour combattre l’avalanche d’information. (Les versions d’agrégateurs d’aujourd’hui sont peut-être encore archaïques, mais nous n’en sommes qu’au début.)
Pourquoi?
Parce que nous sommes entrée dans une ère où, grâce aux nouvelles technologies, la logique traditionnelle de publication selon l’offre et la demande fait place à un « post before processing« .
« Post before processing«
Le « propriétaire » publie (post) une information sans se soucier de son problème d’identification du « public-cible » (à qui écrit-on?, comment adapter son niveau de langage?, qu’est-ce qui les intéresse?).
C’est au « destinataire » que revient le problème de discerner (process) parmi les divers « sources » d’information possible celle la plus appropriée selon ses besoins.
Inverser la problématique, c’est s’offrir le pouvoir de l’automatiser. Il sera toujours plus facile pour un internaute qui recherche une information d’en déterminer sa pertinence qu’un producteur de contenu de faire le tri lui-même.
On publie en premier, on voit ensuite comment traiter l’information: « post before processing« .
Applicable dans la vraie vie?
En entreprise, la gestion des connaissances en serait facilité. En donnant le réflexe (ou l’obligation -selon Martin Rouleaux Dugage) aux employés de mettre par écrit la plupart de leurs connaissances acquises en entreprise (compte rendu de réunion, d’échange épistolaire, etc), il est possible (peut-être avec beaucoup de difficulté au début) de retrouver ou de croiser des informations pertinentes – du moins plus facilement que si cette dite information n’était pas archivée).
Dans le secteur académique, il permettrait de faire circuler les étincelles qui donne souvent flamme aux grandes idées. Nos amis d’Opossum en auraient sûrement long à dire.
Dans ces deux cas, il est essentiel, pour que la dissémination de l’information puisse fonctionner, qu’un puissant filtre réduise au minimum le temps d’accès et de recherche à l’information pertinente.
Et naturellement, dans le cas des blogues, post before processing semble être la norme. Les plus prolifiques sont de redoutables machines à relais : peu de process, beaucoup de posts… J’avais soumis sur ce carnet un billet questionnant l’idée d’être un relais versus un filtre. ( « I can post better than anybody who can post faster, and I can post faster than anybody who can post better. » source)
Alors il est où cet outil qui nous permettera de mieux filtrer?
Une vague de fond?
En faisant ma recherche sur Google, « post before processing » ne donnait même pas 100 résultats. Or, un nombre particulièrement élevé de sites militaires américains apparaissaient dans le haut de la page des résultats. Le Department of Defense américain (DoD) semble voir dans le réseau une solution pour s’adapter aux problèmes actuels :
« True transformation can only be achieved by transforming the way we communicate, by making the network work for us, and by taking full advantage of information age technologies to ensure that our warfighters have immediate and direct access to the information they need.«
John P. Stenbit dans un article sur le site du DoD
(si la DoD retire l’article voir ma cache)« Post before processing means that access to data for disparate needs is not delayed by unnecessary processing. Everyone is a provider and consumer of information. As a provider, they have the responsibility to post data before they use or manipulate it; as a consumer they will have the technical capability to securely access the data they are cleared to access when they want it and in the format they need. »
John P. Stenbit au Congrès américain – source : Net-centric trailblazer (PDF)
Cette approche semble provenir du fascinant document : Power to the edge sur un des site du DoD (via Martin Roulleaux Dugage) : « Power to the edge is the correct response to the increased uncertainty, volatility, and complexity associated with military operations. This is not a problem that is unique to the military domain,but it is an integral part of the transition from the Industrial Age to the Information Age. »(page 30)
À croire ce qui est écrit, si cette application peut fonctionner pour les militaires, on peut s’attendre à voir des développements majeurs dans ce domaine pour le secteur civil dans quelques années. Après tout, le protocole de communication sur Internet vient bien d’eux (DARPA est le centre de recherche du DoD).
Alors, à ce moment le grand public aura accès à des outils peut-être encore plus performants que le RSS et les agrégateurs actuels. Alors mieux vaut tout de suite s’y habituer…
ZEROSECONDE.COM (cc) 2004-2012 Martin Lessard
Contenu protégé selon la licence Paternité – Pas d’utilisation commerciale – Partage des conditions initiales à l’identique 2.0 de Creative Commons
Bonjour 🙂
Peut-être ceci vous sera-t-il utile ?
http://belrss.monrezo.be/blog/index.php/2005/03/28/6-vers-la-detection-automatisee-des-contenus-qui-vous-interessent
🙂
Salut Martin,
ça va peut-être te paraître étrange, mais je n’utilise à peu près pas les fils rss. Pas d’aggrégateur, pas de « planet », mais je génère un fil via mon carnet.
Tu sais, je générais mon fil rss à la main au début, je me suis écrit un aggrégateur, j’ai une collection époustoufflante de fils dans une autre application que j’ai écris. Je connais donc la technique assez bien, et je ne suis pas aveugle face aux avantages que ça peut procurer.
Mais c’est un peu comme la télévision. Ça fait longtemps que je n’écoute plus de séries. Je ne suis plus esclaves de cette boite. Je peux l’allumer, regarder ce qui passe, et surtout, la refermer.
J’en viens à dire que c’est par soucis d’économie, de performance, même, que je laisse ça aux autres.
Ouais, j’en manque, j’arrive tard sur certaines discussions, mais ce n’est vraiment pas la fin du monde. Ça ressemble à slashdot, en moins rapide : pour espérer avoir quelques points de modérations, il faut absolument commenter rapidement. Sinon, c’est peine perdue. Mais ce n’est vraiment pas la fin du monde 🙂
Je dois avouer par contre que sur IRC, j’ai souvent droit à des notifications grace à mon bot qui est abonné à quelques fils.
Je ne dis pas que le RSS, c’est mal, comprenez moi bien. Je voulais seulement partager mon expérience.
Merci de ton commentaire Robin.
Effectivement, il ne faut pas verser dans l’excès inverse : la course à la dernière news.
Moi je ne suis pas slashdot. Je ne suis pas les news non plus via un fil rss. Mais je peux suivre plus facilement des conversations plus personnelles grâce au rss (en fait grâce aux aggrégateurs).
Ce que j’aime des fils web, c’est le concept de l’abonnement aux changements seulement. Si certain s’en servent pour devenir des news junkys, on n’est pas loin de l’overdose de TV.
Mon post laissait entendre qu’il n’y a que les couch patatoes qui sont sur la bonne voie. Je dirais plutôt que ceux qui ont un DVR contôlent davantage ce qu’ils ingurgitent comme information.
Mais encore ici, la technologie n’est que ce que l’en fait…
Merci pour ces précisions Martin. Tu vois, je n’ai pas oublié de revenir sur mes pas cette fois-ci 😉
En fait, ça me fait penser à un vieux dilemme. On m’a déjà suggéré (c’était dans le cadre d’une formation de croissance personnelle (et oui!)) de mettre tous mes rendez-vous dans un agenda. Je vois ma mère le dimanche, vlan dans l’agenda. Je vais faire l’épicerie mardi, dans l’agenda, et ainsi de suite. L’idée c’est qui si c’est important, il faut tout mettre en oeuvre pour ne plas l’oublier. Ça fait six ou sept ans, et je me demande encore si je devrais suivre ce conseil, mais mon « gut feeling » me dit que non. Si c’est important, je _vais_ y penser. M’enfin, chacun fait c’qui lui plait (non, il n’est pas 5h AM et je n’ai pas de frisson, pour ceux qui connaissent la chanson).
On se voit mercredi dans un mois ?
Je me promets chaque premier mercredi du mois d’aller au Yulblog. Mais, avec la petite famille, ce n’est pas toujours facile.
Pour ce qui est du GTD (Getting Things Done), l’agenda est un bon moyen mais en autant que tu le consultes.
Je crois aussi que si c’est important, je vais y penser. Sinon on se retrouve avec trop de chose à faire ou à penser qui ne sont pas _si_ important.
En fait, l’humain n’est pas fait pour être infoboulimique 😉
Ce concept de « power to the edge » est l’un des principes de l’Internet qui est « un monde de bout » (http://www.worldofends.com).
Le réseau ne fait que déplacer des packets d’un point a à un point B. Toute l’intelligence se trouve aux extrémitées du réseau… C’est un système non centralisé.
Avant les blogs => information centralisée, filtré à l’avance par des rédactions
Après les blogs => information décentralisée, tout le monde est producteur. Le filtrage de l’information se fait à posteriori, aux extrémitées.
Bien d’accord avec Aurélien. Que l’Armée américaine en fasse autant avec leur communication risque de modifier éventuellement toutes les sphères de la communication civile, pas seulement le web.
La balladodiffusion (podcasting) a tellement été repris rapidement par les non-geeks (les médias en parlent même pas 1 an après sa « création ») que ça donne une idée de la réception par la sphère public (ou civile) de la « morcellisation » du flux éditorial (ou culturel) – ce que l’on appelle les « programmes »- en unité indépendante et mobile: on ne voudra plus une programmation conçue par un centre (le radiodiffuseur, le centre des nouvelles) mais bien un agrégateur en périphérie filtrant et recherchant les messages présentant des caractéristiques pré-selectionnées (ce que Aurélien appelle: « Le filtrage de l’information à posteriori, aux extrémitées ».
On sera chacun au centre intime de sa propre sphère d’intérêt personnelle. Certains s’en inquiètent. Je crois que ce n’est que la formalisation d’un état de fait : nous sommes toujours au centre de sa propre sphère d’intérêt. Seulement, les pressions collectives seront moins oppressantes (je ne serais pas obligé d’écouter la même chose que mon voisin – comme un blockbuster américain ou un fait divers dans le tunnel de l’Alma – je serai alors plus libre d’acquérir des connaissances plus utiles…)
Je me suis « amusé » à recenser les annuaires de « sources RSS » ayant une fonction de Ping, et il y en a plus de 70 (mais peu de francophones), Et 5 services qui « Ping » automatiquement les annuaires RSS.
(Voir l’article: 72 annuaires RSS+ Ping http://net.com.virale.over-blog.com/article-1078972.html)
Si l’on regarde bien, un annuaire RSS avec la fonction de Ping, n’est ce pas plus performant qu’un moteur de recherche ?
– Cela indexe le contenu,
– C’est immédiat (pas les moteurs),
– et c’est plus économique (il ne scanne que sur publication, jamais entre 2).
Didier