C’est l’outil le plus simple pour « réseauter » et « communiquer » avec un auditoire (ses « amis »). Les plus geeks sur le réseau seront d’accord que Facebook constitue l’outil après le courrier électronique et la messagerie texte qui rive les non-geek à leur écran.
La facilité avec laquelle il est possible de se « connecter » entre « amis » est tel que l’engouement pour Facebook se prolongera encore très longtemps.
(Re)pakaging 2.0
Le génie de Facebook consiste à avoir su regrouper divers outils web sous une seule plateforme propriétaire unifiée, mais avec un degré « d’intégration des services » très élevés. Nul besoin de faire l’agrégation de plusieurs sources, ou de devoir se taper plusieurs outils incompatibles, Facebook regroupe tous les faits et gestes de votre « communauté » de façon passive.
Facebook, c ‘est, comme me disait un scénariste qui a le sens de la formulation, ton groupe d’amis sur la même page. Mais c’est un réseau à l’intérieur du réseau. FaceBook ne permet pas d’être ouvertement accessible et lié au web. C’est une communauté à membership (gratuit) où seuls les « membres » ont accès à l’information.
700 millions de channels et moi et moi et moi
L’intérêt de FaceBook est double: il permet à la fois de créer un réseau social personnel dans lequel on devient son propre média (ce qui est « diffusé », c’est sa propre histoire en temps réel) et il permet de mettre en place une identité numérique (la multiplication des services en ligne forcera la personne à devenir le principal point de convergence, d’où le besoin de garantir son identification).
Malgré la simplicité de l’autopublication en ligne, bloguer n’est pas à la portée de tous (sa mise à jour demande trop d’énergie pour la plupart des personnes).
Avec FaceBook, il est possible à la fois d’émettre des communications phatiques, c’est à dire sans contenu, (avec la fonction « ping » par exemple) et communiquer du contenu médiatique à un auditoire « captif ».
Ce dernier point reprend l’intérêt premier des blogues (auto-communication décentralisée 1 à n) avec la puissance du réseau social numérique. Ce qui est tout à fait compatible avec ma théorie de la culture du web 2.0.
Ceci est mon feed, donné pour vous
« Facebook montre une piste pour rassembler, unifier et donner du corps à nos traces numériques et faire que leurs modifications agissent comme des alertes. » (Hubert Guillaud). (Ça me rappelle des ébauches élaborées pour une machine de croisements avec Sylvain Carle en 2004)
FaceBook a tout simplement récupéré la plupart des bonnes idées des réseaux sociaux (cv, cercles, groupes) et web 2.0 (twitter, flickr, commentaires). Internet, au fond, c’est déjà tout ça, mais le degré « d’intégration des services », répétons-le, n’est pas aussi élevé. Et surtout, il donne a voir non plus seulement ce que l’on veut communiquer, mais aussi ce que l’on fait (abonnement à un groupe, connexion avec des tiers).
Bad code, good code
Une transparence inquiétante certes, et une dépendance accrue à l’écran, aussi, qui est promu médiatrice-reine de notre accès au monde, mais voilà tout de même un formidable décloisonnement imprévu du citoyen hyperindividualisé qui accède ainsi à une rétroaction sociale instantanée.
Le mécanisme de feedback en dans une société permet aux individus de se situer dans l’ensemble et donc de se réorienter. Les idées et les relations se répandent comme une traînée de poudre. Nous ne voyons que le début du changement que cela peut apporter.
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(Source photo : 透明ディスプレイの逆襲 )
La véritable question derrière tout ça est: FaceBook ne serait-il le résultat que de l’échec des standards ouverts et communs? Une sorte de « tipping point » par lequel il est maintenant plus facile de rebatir un système unifié que de continuer à promouvoir des standards ouverts pour intégrer divers outils?
Une plateforme qui, soudainement, offre toutes les facilités qui limitaient le commun des mortels à avoir un blogue, un cv en ligne, à utiliser Twitter?
Je pense que l’on est à l’ère des « révélateurs » des failles de l’évolution d’Internet au cours de 12 dernières années. Pré-adolescence?
Je ne vois pas très loin de quel échec il est ici question. Il me semble, au contraire, que les standards ouverts se portent plutôt bien dans ce domaine, non?
Clément
Clément, j’aurais tendance à acquiescer à l’assertion de Carl-Frédérique.
Si on juge le succès d’un outil à son adoption, Facebook a fait en 4 mois ce que les logiciels ouverts ont de peine et de misère fait en 10 ans.
La courbe d’adoption de Facebok est si à pic qu’il ferait pâlir la blogosphère d’envie.
Le grand public prèfère une MSOFFICisation des outils plutôt qu’une interminable et incompréhensible liste d’outil en compétition les uns les autres.
Oui, les standards ouverts se portent bien. Et les pros vont prendre ces outils dans ce tronçon à deux vitesses qui s’installe sur Internet.
Mais the rest of us, ce grand public, semble bien se contenter de la AOLisation des réseaux sociaux.
Pour prendre une analogie dans un domaine qui nous est proche:
c’est le même type « d’échec » des moteurs de recherche des bibliothèques (trop de champs, trop d’étapes, trop de critères) face au champ unique (et universel) de Google. Le triomphe de l’approximatif, qui répond amplement à la majorité des besoins de base.
Dans ce sens, si un outil « simplifié » (et simplificateur) offre une si grande capacité à capter cette énergie de collaborer, d’échanger et de participer, c’est que l’outil existant faisait défaut.
Facebook n’a pas généré la culture web 2.0 (au sens où je l’entends), elle récupère ceux qui ont été laissé sur le chemin…
Il est trop tôt pour juger du succès de Facebook. Laissons-lui faire un peu de temps encore.
Je suis d’accord avec le fait qu’avec les données des quatre derniers mois, il peut être tentant de formuler les questions ou de tirer des conclusions comme vous le faites, mais je reste sceptique.
Dans un excès d’utopisme, peut-être, je me permet même de croire que Facebook marquera un point tournant dans l’ouverture des normes et standard et dans la tolérance des gens à la commercialisation des renseignements personnels.
Je mise sur une prise de conscience forte à ce sujet dans les 12 prochains mois, dont Facebook sera fortement responsable.
Je continuerai néanmoins à réfléchir à ton hypothèse selon laquelle Facebook « récupère ceux qui ont été laissé sur le chemin », ça me semble une très intéressante piste de réflexion.
Clément
Bonjour Martin,
je viens de découvrir ton blog. Je suis actuellement sur l’écriture d’un mémoire de fin de master en communication, en France, qui traite de la communication politique sur le Web. J’aurais aimé découvrir cette espace avant, même si l’écriture est loin d’être aboutie. Je rend ce travail au mois de septembre. Il est en accès libre sur le blog suivant :
http://webdoctors-iscpa.blogspot.com
Comme l’étude est en cours d’écriture, ce blog devrait s’étoffer régulièrement durant le mois d’Août. Le sommaire est déjà en place ainsi qu’une ou deux parties.
En tout cas, la lecture de zero seconde s’averera être une véritable min d’or pour le suite de mon travail.
Cordialement,
Cédric Morel
Un point tournant dans la tolérance des gens à la commercialisation des renseignements personnels? Permettez-moi d’en douter. Depuis des années le consommateurs ne semble pas se préoccuper outrement de la collecte de données personnelles à des fins commerciales, s’il y trouve son profit et que ça se fait en quatimini (e.g. Airmiles). Ajouter à ça qu’une partie de la culture américaine se fonde sur une commercialisation de la vie privée principalement celle des « célébrités », mais de plus en plus celle du voisin.
Mais je suis d’accord qu’on ne peut juger de la pérennité de Facebook sur la base des données de quelques mois seulement. Ça me fait penser à cette scène dans les Simpson où Homer est épaté de la progression de son investissement (une culture de citrouilles) au mois d’octobre, et prévoit des prix encore plus élevé en novembre.
Ton billet sur Facebook est très intéressant. J’y suis allée parce que j’y ai été invitée. Puis, en très peu de temps, j’ai trouvé cela très amusant d’établir des contacts avec des gens que je connais, de près ou de loin, et qui sont en contact avec d’autres personnes que j’ai le goût de connaître. C’est réellement fascinant et c’est très vivant. Le seul reproche que j’entends, c’est « Moi, je ne vais pas là, ça prend trop de temps ». Ça ne prend pas plus de temps que de lire des blogs! Et puis, comme dans la vraie vie, on décide avec qui on va poursuivre la conversion. On n’a pas besoin non plus d’écrire des textes songés. On se jase tout simplement. C’est vraiment sympathique. J’ai seulement hâte que la version française soit en ligne. J’ai le goût d’inviter des amis Français.