Quand ça passe, on en profite: un auteur avoue publiquement être un blogueur. Et dans le magazine « The Atlantic » en plus. On croit rêver: il cite Pascal, Montaigne, Platon et Aristote. Oui, oui on parle de blogue! Et ça commence ainsi: « make no mistake: it heralds a golden era for journalism. » Extraits.
Why I Blog, de Andrew Sullivan
The Atlantic, novembre 2008
« it has exposed a hunger and need for traditional writing that, in the age of television’s dominance, had seemed on the wane »
« The quintessential blogger avant la lettre was Montaigne »
« The key to understanding a blog is to realize that it’s a broadcast, not a publication. If it stops moving, it dies. If it stops paddling, it sinks. »
« [The blogger] is—more than any writer of the past—a node among other nodes, connected but unfinished without the links and the comments and the track-backs that make the blogosphere, at its best, a conversation, rather than a production. »
« When readers of my blog bump into me in person, they invariably address me as Andrew. Print readers don’t do that. It’s Mr. Sullivan to them. »
« The traditional method involves a journalist searching for key sources, nurturing them, and sequestering them from his rivals. A blogger splashes gamely into a subject and dares the sources to come to him. »
« The more you link, the more others will link to you, and the more traffic and readers you will get. The zero-sum game of old media—in which Time benefits from Newsweek’s decline and vice versa—becomes win-win. «
« There are times, in fact, when a blogger feels less like a writer than an online disc jockey, mixing samples of tunes and generating new melodies through mashups while also making his own music. »
Et on conclut avec :
« If all this sounds postmodern, that’s because it is. And blogging suffers from the same flaws as postmodernism: a failure to provide stable truth or a permanent perspective. »
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Sur la même lancée on lira:
Blogging becomes mainstream (via Philippe)
Blogger comme un « online disc jockey »? J’adore l’image!
Par contre, il ne faut pas oublier la suite de la phrase où il est question de « new melodies » et « making his own music ». C’est trop facile de simplement citer une nouveauté sans rien n’y ajouter.
Si l’idée est d’annoncer une nouveauté, il faut au moins en faire une présentation personnelle qui aura sa valeur ajoutée (comme ici, où tu choisis certains extraits pour nous transmettre la pensée de l’auteur).
Etienne, je crois que le rôle du blogueur balance entre « relais et filtre ».
J’ai écris là-dessus en 2005: Se penser comme un filtre.
Je préciserais aujourd’hui que parfois le blogueur cite simplement des « exemples » (comme dans mon cas) qui réfère à une ‘nouveauté’ qui a déjà été écrit plus tôt.
Je veux dire par là que le billet d’un blog n’est peut-être pas obligé d’expliciter la raison de la citation.
Votre commentaire m’a fait réaliser ça. Dans mon cas, le simple « choix des citations » est en fait bien une forme de relais -même si tout sélection est un filtre- mais elle fait référence à un contenu antérieure qui fait aussi office de « filtre implicite ».
Je pense qu’il y a beaucoup de paresse intellectuelle dans les blogues. Citer pour citer c’est à la portée de n’importe qui. Il faut du talent pour mettre en valeur une citation et du génie pour le faire simplement…
Richard, j’imagine qu’il faut voir l’ensemble d’un blogue (et non l’ensemble des blogues) pour juger. Il n’y a personne qui dirait ça pour un bas de page dans un livre, j’imagine. Par exemple, un bas de page offre la citation au long, mais le contexte se trouve dans le corps du livre. Un billet de blogue est comme un bas de page à un livre qui ne s’arrête jamais d’être écrit.
Les blogues participent à un type d’écriture éclaté qui s’étend dans le temps. Un billet, seul, n’offre en rien le miroir de l’ensemble. Voilà pourquoi il est si difficile de suivre réellement beaucoup de blogues à la fois.
Quant à savoir si c’est une paresse intellectuelle que de citer pour citer et si c’est à la porté du premier venu, je ne m’avancerais pas sur ce terrain. Vu l’avancée de Twitter, je me demande si offrir une série d’extraits et le publier sur un blogue n’est pas aujourd’hui un grand « effort ». Extaire demande une certaine connaissance du sujet afin de ne conserver que ce qui fait sens malgré l’absence de contexte.