Ça sent les élections ce matin. Et ce soir, c’est le YulBiz-Montréal. Et que fait-on entre les deux. On signe la lettre ouverte 😉
Le Québec a besoin d’un plan numérique
Écrite par Patricia Tessier et proposée ce soir aux blogueurs du YulBiz-Montréal et à tous ceux qui croient que le numérique est le vecteur de la société du savoir et qu’en ce sens, il doit devenir une priorité stratégique pour le gouvernement québécois.
Monsieur le Premier ministre,
Tout récemment, le CEFRIO et Recherche Internet Canada (RIC) publiaient respectivement un rapport sur l’état de l’utilisation d’Internet au Québec et au Canada. Suite à la publication de ces rapports, force est de constater que le Québec est nettement en retard par rapport au reste du Canada. Par exemple, avec 64% d’internautes à l’été 2007, le Québec était 19 points derrière l’Alberta qui revendiquait la première place avec un taux de pénétration de 83%. Le rapport nous démontre aussi que l’on retrouve un écart de 15% dans les niveaux d’adoption entre les Canadiens anglophones et francophones (82% contre 67%).
Par ailleurs, le CEFRIO rapporte qu’il y a eu pour 3,5 milliards de dollars d’achats en ligne sur un an au Québec (septembre 2007 – août 2008). Toutefois, au moins le tiers de ces achats s’effectue à l’étranger.
* 87 millions de dollars avaient abouti dans les coffres de détaillants ou de particuliers non canadiens en mars dernier (36 % des achats totaux),
* 146 millions de dollars en mai (58 %),
* 103 millions de dollars en juillet (33 %).Une des raisons principales est qu’il y a peu d’offres québécoises. Uniquement 52% des PME disent avoir leur propre site internet. Et de celles-ci seulement:
* 30% y proposent du service après vente,
* 26% acceptent des commandes en ligne,
* 7% reçoivent des paiements en ligne.Nous sommes d’avis que les investissements dans l’économie numérique accroissent la compétitivité de l’ensemble des autres secteurs de l’économie et que la préparation d’un plan de développement de l’économie numérique est un impératif pour le gouvernement québécois.
Nous avons identifié quatre priorités :
1. Permettre à tous les Québécois d’accéder aux réseaux et aux services numériques et éliminer les barrières liées à la sécurité des transactions en ligne.
2. Accroître l’adoption et diversifier les usages d’Internet dans les entreprises, en particulier les PME.
3. Garantir la formation aux usages des technologies de l’information dès le plus jeune âge.
4. Implanter une gouvernance numérique.Citoyens
Le gouvernement québécois doit garantir l’accès à tous les Québécois à Internet haut débit partout dans la province. L’Internet haut débit constitue aujourd’hui, comme l’eau, le téléphone ou l’électricité, une commodité essentielle.
Parallèlement, il est critique de renforcer la confiance numérique. Uniquement 47% des adultes québécois considèrent les transactions effectuées par carte de crédit sur Internet très ou assez sécuritaire alors que les problèmes réels de sécurité sont plus rares que dans le cas des transactions hors Internet.
Finalement, des mesures doivent être développées pour assurer la protection de la liberté d’expression des citoyens. Un individu confiant participera activement aux débats politiques et à l’activité économique et contribuera ainsi à la santé de notre société.
PME
Alors que le développement des PME est l’une des clés de notre avenir économique, celles-ci ne disposent souvent pas des ressources ou des connaissances nécessaires pour évaluer les bénéfices qu’elles pourraient retirer des investissements en TIC et non pas, non plus, l’expertise requise pour définir une stratégie cohérente avec leur stratégie d’affaires.
Le faible taux de participation des entreprises québécoises à l’économie numérique et l’exode des dollars d’achat des Québécois sont inquiétants pour l’avenir de notre économie. Il apparaît primordial que l’offre de services numériques doit être renforcée au Québec. Pour atteindre cet objectif, les entreprises doivent trouver un environnement favorable au développement des outils numériques notamment par une sensibilisation accrue des PME et une aide financière à l’investissement.
Éducation
L’introduction d’une formation, dès le plus jeune âge, répond à la nécessité de donner, à chaque enfant, des compétences qui sont devenues aujourd’hui indispensables pour réussir tant au niveau professionnel que social.
À cet égard, il est pertinent de garantir la disponibilité d’un accès à Internet haut débit et WiFi dans chaque école et université, d’améliorer les synergies des universités avec les entreprises en général et les entreprises de haute technologie en particulier et de créer des incubateurs d’entreprises.
Finalement, la numérisation accrue et la disponibilité en ligne des contenus académiques et leur libre accès sont des incontournables.
Gouvernement
L’efficacité des actions « numériques » du gouvernement passera par une mise en œuvre concertée et non par un écartèlement des efforts et des budgets entre différents ministères. Il nous appert critique que ce rôle soit regroupé sous un seul ministre avec une capacité d’agir de façon transversale.
L’administration publique doit moderniser l’accès au travail parlementaire en implantant des outils additionnels d’information, de transaction et d’échange. La transparence doit être à l’ordre du jour et le gouvernement doit ainsi démontrer qu’il a confiance au fait que les citoyens sont d’importants contributeurs à notre système démocratique.
Il est aussi impératif que le gouvernement québécois soit un porte-parole de la neutralité du net et s’assure qu’Internet demeure ouvert et accessible à tous.
Finalement, il est important que le gouvernement provincial supporte et guide les gouvernements municipaux en matière de politiques numériques. En effet, ces derniers sont des acteurs importants du développement de l’économie numérique locale.
En conclusion, sans actions claires du gouvernement, nous croyons que le Québec court le risque de maintenir son retard et d’être laissé pour compte dans l’économie de demain. Nous vous demandons de planifier, au plus tôt, un exercice de réflexions et un plan de mise en œuvre pour stimuler l’économie numérique au Québec afin que nous puissions, non seulement rattraper le retard, mais devenir une nation qui prendra sa place et se distinguera dans la nouvelle économie.
Veuillez agréer, Monsieur Charest, nos salutations les plus distinguées.
Regroupement YulBiz Montréal
Si vous y croyez, vous pouvez mettre cette lettre sur votre blogue et informer tous vos amis des médias en ligne. YulBiz fera aussi parvenir la lettre directement à Monsieur Charest ainsi qu’à La Presse, Le Devoir, et le Journal de Montréal.
MàJ1: Rejoignez aussi le groupe Facebook pour un plan numérique québécois et suivez l’émission Citoyen Numérique de jeudi prochain pour plus d’information.
MàJ2: ai corrigé qq coquilles orthographiques et stylistique. Cette lettre sera disponible au YulBiz de ce soir si vous souhaitez la signer en personne.
MàJ3: Faut faire ressortir des tablettes le rapport Gautrin qui visait la même chose ( transformation des relations entre les citoyens, les entreprises et l’État, accès 24/7 au services gouv., etc)…
Cette initiative est d’autant plus importante, que beaucoup de municipalité ne sont pas encore branché haute vitesse. Il suffit que quelques citoyens d’une ville ou village soient branchés pour que cette municipalité soit considérée branchée, les stats du Gouvernement ne rendent pas compte de la réalité.
Par exemple Georgeville près de Magog dans le compté de Brome-Missisquoi est considéré comme branché haute vitesse selon les autorités, mais beaucou ne le sont pas, notamment sur le Chemin de l’est et aucun moyen de se branché sans défrayer une fortune…
Ce qui compromet la carrière de mon amie qui ne peut accepter certains contrats.
intéressant et belle initiative
par contre, je ne sais si un gouvernement peut y faire grand chose; je pense que c’est un rôle que des entreprises privés ou des entrepreneurs devraient prendre. Le gouvernement ne peut pas fournir un accès haute vitesse aux citoyens, il ne peut non plus mettre en place des sites de e-commerce pour vendre des produits. Bien sûr, le gouvernement peut favoriser certaines sections, mais le gros du travail devrait être fait par les PME en eux-mêmes
Heri, j’ai un point de vue différent.
Hydro-Québec est un cas stratégique où le gouvernement s’est impliqué.
Je ne comprends pas pourquoi la carrière de l’amie de Christian Liboiron soit compromise pcq elle habite le Chemin de l’Est à Georgeville. Sans la haute-vitesse, on doit maintenir deux standards sur le web (pour accommoder la basse vitesse -et ça c’est un frein)
Si le savoir est le pétrole du XXI e siècle, je crois qu’il faut commencer à s’en occuper avant que les multinationales viennent nous le piquer (c’est déjà commencé).
Le lien vers le groupe Facebook est brisé au fait…
Laurent, merci. Corrigé.
http://www.facebook.com/group.php?gid=37139825905
et donc nationaliser les sections québecoises de Telus/videotron/Bell et Rogers?
(je suis d’accord avec la lettre ouverte mais il faudrait vraiment voir ce que ca donne vraiment pratiquement. j’ai vu les initiatives comme la cité multimédia en 2000 et il faut dire que ca a pas trop marché)
Je suis en faveur de la nationalisation d’Internet. C’est une idée que j’ai défendue il y a plus d’ un an de cela :
http://www.opossum.ca/guitef/archives/003782.html
Hormis le premier paragraphe, le billet me semble toujours pertinent.
Heri, François, je crois qu’en ces temps de gros vents de droite, que « nationalisation » soit un mot à l’index. Je crois qu’il n’y a pas mille manières pour un peuple pour prendre sa destiné en main.
Actuellement l’oligarchie technologique dans notre petit pays contrôle un peu trop le marché dans son propre intérêt.
Alors comme je crois que le gouvernement doit protéger le bien commun, Internet doit en faire partie. Un plan numérique est nécessaire. Et si cette lettre n’a qu’un seul mérite, c’est celui de garder cette idée sur la scène et qu’elle ne se fasse pas mettre sous le tapis…
Il faut vraiment espérer beaucoup du gouvernement en leur demandant d’élaborer un plan du numérique pour le Québec. La tendance est plutôt à la réduction des dépenses en s’attaquant aux plus petites industries (le numérique vs l’audiovisuel). Les programmes d’Investissement Québec en matière de crédit sur les titres multimédia sont maintenant très restreints. Téléfilm perd son financement du numérique. L’accès à l’Internet devrait baisser puisque les infrastructures sont en place depuis plsuieurs années. Le plans de données du sans-fil sont exhorbitants et que dire de la couverture? Bon courage quand même mais l’élaboration d’une vision doit d’abord commencer par une volonté…
François Reeves, j’imagine que vous avez raison si on voit le gouvernement comme un nid à lobby.
Je ne me fais aucune illusion sur la somme de « priorités » que le gouvernement a à gérer de front. Car voilà bien un « dossier de plus sur la pile ».
Ne comptons pas sur l’oligarchie pour faire baisser les prix en prétextant l’amortissement des infrastructures. Le passé nous a montré le contraire et le mobile au Canada en est la preuve.
Mais sur le fond, il devrait quand même y avoir une vision, un plan, pour l’avenir du numérique dans notre société. Tout gouvernement devrait en avoir un car Internet est plus qu’un média ou une plateforme.
Il y a bien un ministre du Transport. Où se trouve le ministre qui aurait un plan numérique? L’éducation? la sécurité national? les ressources humaines? …
On laisse traîner le dossier comme si c’était du ressort du privé et des commerçants…
Il y a eu tellement d’initiatives et de tentatives, mais rien qui se concrétise de façon cohérente. Il ne faut juste pas lâcher, l’enjeu est trop énorme..