Sans enlever le fait que le réseau social (que l’on appelait avant « social software ») est aussi à la remorque (« est un parasite ») des médias traditionnels, il peut aussi générer une valeur pour une information.
Quand cette valeur est exclusive au réseau, ça devient intéressant. Voyons voir.
Deus ex Ottawa
Prenons cette photo d’Obama en visite récemment dans une marche limitrophe de l’empire.
La photo est cocasse. L’hôte, derrière la main du président iconique, est le dirigeant exécutif du comité directeur du pays qui le reçoit. Les habitants du patchwork territorial en question comprennent immédiatement l’humour de la situation : l’aura d’Obama fait de l’ombre à toute autre personne.
Dans ce cas-ci, vu leur position idéologique antagoniste sur la façon de gouverner, l’ironie est que Obama représente le futur, balayant de la main les idées du passé. Juste image de la situation actuelle.
J’aurais laissé cette anecdote-là où je l’ai trouvé (sur Facebook) s’il n’était pas un (autre) exemple de ce que j’illustre dans mes conférences: le web social crée de la valeur à partir d’éléments sans valeurs pour les médias traditionnels. Je m’explique.
Mood market
Cette photo ne pourrait jamais apparaître sur la page frontispice des quotidiens, ni au TJ de 20h. L’éthique journalistique ne le permet (heureusement) pas. Elle n’a donc aucune valeur pour ces médias (sauf à titre anecdotique marginal).
Cette photo « rejetée » a été valorisée sur Internet. Ce qui était proprement impossible de faire sur les canaux traditionnels, même s’ils le voulaient…
Le message caricatural a trouvé un terreau fertile sur les réseaux sociaux. Comme je l’ai déjà dit à propos du viral « Culture en péril »: un viral fonctionne d’autant mieux quand il correspond aux attentes du terrain où il se diffuse: rien de tel qu’un bon terrain fertile pour prospérer.
Culture de net
Bien sûr les médias ne sont pas là pour donner ce que le peuple demande (officiellement, du moins, car par moment, inutile de jouer aux surpris, pour certains médias, on se le demande). Voilà le besoin que remplissent les réseaux sociaux dans le nouvel écosystème de l’information (sujet d’une série de 5 billets que je me promets de terminer) : c’est un média qui leur ressemble (tiens, on dirait un slogan de chaîne de télé populaire).
Ce média valorise l’information qui n’a pas été valorisée ailleurs. Il n’y a que l’élite qui s’offusque de voir le peuple s’occuper de ce qui l’intéresse…
Prejudice d’une fuite d’information orchestré par l’équipe Harper pour nuir au candidat Obama devenu entre temps president des USA.
ALENAgate
L’ingérence du gouvernement Harper dans les primaires américaines: De quoi je me mêle ?!
http://bureaudesaffaireslouches.over-blog.org/article-18635832.html
Merci Paul, j’adore découvrir par sérendipité (et par effet réseau) de nouveaux sites:
http://bureaudesaffaireslouches.over-blog.org
« Le Bureau des Affaires Louches (BAL) est un organisme indépendant et non-partisan qui a pour mission d’informer la population sur la corruption politique au Canada. Le BAL se fait un devoir de toujours citer scrupuleusement ses sources, pour démontrer aux sceptiques qu’il n’invente rien. »
Je suis quelque peu en retard sur celle-là Martin mais je me dois d’y apposer une fin de non-recevoir. Je ne crois pas en effet que cette photo a été rejetée par les médias traditionnels pour raison d’éthique, je crois plutôt, et nous pourrions en débattre dans une série de billets, si tu le juges pertinent et/ou intéressant car je vais me permettre une grossière généralisation là, je crois donc que cette photo a été rejetée parce que les médias traditionnels participent d’une culture différente, soit une culture de la lettre… de l’analyse et de la réflexion; une culture dont les acteurs sont majoritairement issus de la génération des 45 + et pour qui, les images sont utiles comme support à la réflexion, à l’analyse d’une idéologie, d’un message, d’un propos, d’un point de vue, etc. Contrairement à la génération Internet (30 ans et moins) qui sévit majoritairement dans les médias sociaux et qui, elle, participe d’une culture de l’image; bref, qui sait apprécier une image pour sa valeur originale, intrinsèque. En résumé, il y a deux mondes ou plutôt deux générations, une pour qui l’image vient appuyer un propos et l’autre pour qui l’image est le propos.
Denis, il n’y a pas de retard sur la blogosphère 😉
Peut-être que j’ai été trop précis dans mes mots en disant que c’est pour une raison d’éthique qu’ils ne prennent pas la photo, mais en même temps, ne dis-je pas la même chose, en disant que l’éthique internet est différente?
L’éthique journalistique veut qu’ils soient le plus possible objectif. La photo est un parti pris. Et ne rencontre pas les critères de leur éthique (ou de leur culture).
Peut-être que tu ne rentres pas éthique dans culture. Sinon on serait d’accord sur le même point.
Ceci dit, on pourrait effectivement discuter sur les différences de cultures. Je ne suis pas sûr qu’il faille opposer une culture de réflexion et un culture de l’image sur des tranches d’âge ou de plateforme.
L’idée vaut la peine d’être débattue…