Fin de la première journée de Huis clos sur le net. Un des journalistes tweet: «Aucune idée si j’ai eu les nouvelles les plus importantes». Ah la phobie de «manquer quelque chose»!
Les «grandes manchettes» c’est comme la mode, la pression est forte pour nous faire sentir à côté, hors coup!
Se débrancher des médias traditionnels, tout la twitterati vous le dira, est une expérience qui donne peut-être au début des papillons dans l’estomac (comme sauter en parachute): on a l’impression qu’il y a toujours une information qui nous manque.
Ou alors c’est l’impression que les médias traditionnels nous donnent (pas de théorie de conspiration, S.V.P.), car ils ont tendance à se copier entre eux et donc font mousser davantage une information plutôt qu’une autre. La concurrence des nouvelles, quoi.
Mais en se libérant de cette emprise, on devient serein. Une information qui doit venir à vous finira par venir.
Miroir, miroir, dis-moi quelle est la dernière nouvelle
Bien sûr, le stress pour les journalistes dans le Périgord réside dans le fait qu’ils ne peuvent pas attendre que la nouvelle vienne à eux. D’où cette impression de ne pas savoir s’ils ont eu les nouvelles les plus importantes. Les journaux, la radio et la télé nous rassurent en confirmant une hiérarchisation standard des nouvelles (et qu’ensuite on veuille s’en dissocier est l’affaire de chacun, mais la référence semble rassurer).
Les journalistes ont la (fausse) impression qu’ils doivent démontrer qu’ils sont sur la même planète que les autres, c’est-à-dire synchroniser les hiérarchies de l’actualité comme les autres journalistes. On ne veut pas être le dernier à apprendre ce qui est arrivé à Haïti.
Mais à trop vouloir savoir ce « qui est important », on ne se rend pas compte que « l’importance » est donné par son réseau social. Ne soyez pas surpris que vous ne connaissiez rien de ce qui arrive aux Philippines, au Sri Lanka, ou en Côte d’Ivoire.
Ça me rappelle ce que Chomsky disait à la fin des années 80 dans « Manufacturing Consent » que la principale fonction des médias de masse aux États-Unis était de mobiliser l’opinion publique autour d’intérêts particuliers du gouvernement et du secteur privé.
Je me demande ce que « huis clos » va découvrir quant à la « fonction des médias sociaux »…
(image source)
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Ma série de billets sur #huisclos (mise à jour 7 février 2010)
1- IVI: Interruption Volontaire d’Information : Décryptage. Où on repose les questions du projet (et y réponds).
2- Huis Clos J-1: Où peut-être on sent un petit flottement dans la préparation ou du moins l’annonce du projet.
3- Huis clos J+2: Où on effleure la difficile tâche de synchroniser les hiérarchies de l’actualité.
4- Huis clos : fin de parcours: Où un #boom permet de voir le travail de filtrage à l’oeuvre.
5- « Ce qu’on a découvert grâce à Huis Clos sur le Net » : Où on ne cache pas notre perplexité face à certaines « conclusions ».