Petite discussion hier autour de la machine à café virtuelle (Twitter): y a-t-il un impact neurologique à utiliser le web?
En lisant l’article du NYTimes, «Your Brain on Computers – Attached to Technology and Paying a Price», qui rappelle un débat épique entre Clay Shirky et Nicholas Carr (qui a écrit l’article Is Google Making Us Stupid?), le journaliste souligne, preuves scientifiques à l’appui que des «rebranchements» de neurones se font quand on utilise (trop?) Internet.
Principalement, le temps d’attention semble avoir diminué et les oublis semblent plus fréquents. “It seems like he can no longer be fully in the moment”. Et en plus, la (sur)stimulation provoque une excitation – un boost de dopamine – que les chercheurs considèrent comme créant une forme de dépendance. En son absence, on ressent de l’ennui.
yannleroux : @martinlessard nos amis américains manquent tt de même sacrément d’arrière plan théorique http://nyti.ms/cbSuTH
Martinlessard : @yannleroux Le journaliste pressent le thème de l’heure: pcq N.Carr va sortir bientôt ça: http://j.mp/a4WPjS *. Un pavé dans la marre!
*Nicolas Carr va sortir bientôt un nouveau livre The Shallows: What the Internet Is Doing to Our Brains
sylvaincarle : @martinlessard lu ton dernier mot avec un « d » – c’est parce que je pense que Carr c’est juste de la provoc (mais je vais le lire quand même)
Emergent007 : @sylvaincarle @martinlessard Faut lire avant «The Big Switch» pour mettre en perspective…
martinlessard : @sylvaincarle @Emergent007 @yannleroux PVI Nicholas Carr: The Web Shatters Focus, Rewires Brains http://bit.ly/9Y7gqO (Wired Juin 2010)
sylvaincarle @martinlessard je sais, mais dans mon cas, le web ne « rewire » rien du tout, ça fonctionnait déjà comme ça avant, c’est le contraire!
yannleroux : @martinlessard Nicolas Carr is an agent provocateur 😉 Nous savons depuis Leroi Gourhan que la technologie nous change. Nous ne sommes d’ailleurs que cela. Et l’exemple de la machine à écrire de Nietzche est vraiment un contre-exemple*.
* référence au fait que Nietzsche aurait été influencé dans son style par la dactylo.
yannleroux : tools rewires brains.
OlivierAuber : brains rewires tools
yannleroux : Brains are tools 🙂
Je ne suis pas en mesure de contester les données scientifiques que Carr apportera dans son livre (ça reste à voir) mais si les cerveaux sont des outils (Brains are tools), alors, comme pour l’adage «Quand on a un marteau, tout ressemble à un clou», on pourrait dire quand on a un cerveau, tout ressemble à des outils. Internet en est un.
J. Cascio a écrit l’an passé «Get Smarter» (dans The Atlantic, un an après Carr) un article qui a fait moins de bruit.
«Pandemics. Global warming. Food shortages. No more fossil fuels. What are humans to do? The same thing the species has done before: evolve to meet the challenge. But this time we don’t have to rely on natural evolution to make us smart enough to survive. We can do it ourselves, right now, by harnessing technology and pharmacology to boost our intelligence. Is Google actually making us smarter?»
Il y donne une définition de l’intelligence comme étant «fluide». Une intelligence fluide est l’habilité de trouver du sens dans le chaos et de résoudre de nouveaux problèmes sans nécessairement faire appel à des connaissances antérieures. Ce qui veut dire que ce n’est pas la capacité de mémoriser ni de réciter par coeur…
Internet et cerveau fluide vont-ils de pair?
[MàJ du lendemain: tiens, justement, BlokNot vient de publier ce matin un long billet sur un thème similaire: Overload, symptôme de la surconsommation d’un newsjunkie et parle de certains effets secondaires de la surconsommation de contenu…]
Le cerveau est un outil. cette expression me fait peur. Car il est l’outil de quoi ou de qui ?
Ne pas oublier que l’outil est le prolongement de la main et que c’est selon leroi-ghouran l’un des 3 fondement de l’intelligence et donc du développement du cerveau.
Ce qui est intéessant, c’est que les scientifiques n’en sont qu’au début de l’observation de ce phénomène.
Le changement imposé par les nouveaux moyens d’information n’est peut-être pas si grand que ça. Au fond, être imposé pendant 3 heures par jour à la télévision depuis 50 ans, cela nous a peut-être plus changés que de passer quelques coups de fil sur un portable…
@jadiat, très intéressante question!! L’outil de quoi ou de qui ? Ça mérite plus ample réflexion, merci!
@Eric, je crois que la différence profonde entre le «flux» télé et le «flux» web est l’activité (beaucoup plus) engageante du second. La télé a probablement amortie une certaine volonté d’être maître du flot d’histoire que l’on consomme. Le web, par sa surabondance, me semble tenir d’une toute autre dépendance: la curiosité active. Est-ce que je me trompe?
La télévision c’est l’opium du peuple comme les spectacles de char dans les arênes romaines.
Je dirais que l’internet est un hybride entre télévision et le livre/ la presse. On ne s’abrutit pas comme à la télévision mais c’est souvent moins interessant qu’un livre spécialisé et pointu ou une conférence avec un spécialiste.
J’élargirai à l’informatique la question. L’ordinateur est censé dans le marketing Microsoft nous éviter les tâches répétitives et ingrates. Dans la pratique, on est parfois à perdre son temps avec un ordinateur « stupide » ou ayant une intelligence rudimentaire. On se retrouve a faire des tâches ingrates pour avoir un outil qui fonctionne. On délaisse sa mémoire avec les capacité de mémorisation des ordinateurs.
Ceci dit je ne saurai dire quel est le bilan final pour notre progression intellectuelle. Je pense qu’il donne plus de potentiel pour progresser mais ce n’est pas à la portée de tous mais d’une minorité capable d’exploiter ce potentiel. En disant cela, je pense aux échecs et au nouveau prodige Carlsen, en norverge un pays qui ne figurait pas dans les pays en avant garde aux echecs avec les pays de l’est.
Ce qui est interessant c’est de voir le bilan pour une nation mais si la télé abrutit plutôt il est délicat de determiner l’impact réel de chaque média.
Paul (espritlogique), l’impact réel pour chaque média doit être effectivement bien difficile à établir. Élargir la question à l’informatique est intéressante. Le micro-ordinateur se voulait un outil de développement pour un individu. Ça m’a fait penser, par ricochet, que le web, au contraire, a été plus un outil de développement social qu’individuel.
Je veux dire que l’apport unique du web a été de faire des avancées au niveau social (on pense au média social). Certes, par la force des choses, les individus se sont améliorés (quoi que l’on peut argumenter le contraire), mais les liens sociaux et la coconstruction de savoirs et d’échanges de stratégies de vie me semble la réelle nouveauté.
On en est qu’au tout début. Le web, tel que je l’utilise, et très probablement la majorité des visiteurs de ce site, n’est que le fait d’une minorité encore. Mais si on projette dans l’avenir un internet ubiquitaire, il y a fort à parier que globalement on y gagnera socialement (même si localement, ici et là on y perd ou y gagne)…
Je crois à bilan positif, finalement, et ce même si l’ordinateur est «stupide»…
Bonjour à tous,
je suis en mesure de vous donner toutes les explications de l’EMC (Etat Modifié de Conscience) dû à la pratique de l’internet.
C’est l’objet de ma découverte scientifique, et je prépare une thèse sur ce sujet. Simple « hic » : je veux faire cette thèse à l’Ecole Normale Supérieure en France (grande école) et cette école n’a pas daigné me répondre. Donc je vais me vendre à l’étranger. Qui est preneur ???
Bénédicte POINSARD
ATTITUDE RESEAU
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