On lit un peu plus bas que des voix s’étaient élevées pour publiquement dénoncer ce site qui, selon eux, banalisait le phénomène de la radioactivité («elle est partout, elle est naturelle»)
Je n’ai pas eu la chance d’aller le voir avant qu’il ferme. Destiné aux enfants, le site expliquait le phénomène pour «les intéresser à la géologie».
Sachant que le gouvernement en place trouve que les pets des vaches sont plus polluants que le forage de gaz de schiste, on se demande si le site était du même acabit en faveur de l’industrie minière.
Comme il est aussi vrai que la radioactivité (naturelle) n’est pas dangereuse et on peut se demander si les détracteurs ne criaient pas au loup.
Mais pas de site, pas de moyens de se faire une idée
Mine de rien
Mon premier problème dans cette histoire est que mes taxes ont servi à payer un site que je peux plus voir.
Le second est de me faire une tête. Soit que les fonctionnaires se sont «rendu compte que c’était une gaffe» (comme le dit Ugo Lapointe de la coalition Pour que le Québec ait bonne mine dans l’article), soit qu’ils ont l’interrupteur sensible et tirent la prise de courant dès que le ton monte.
Dans le deuxième cas, ma foi, ce n’est pas très démocratique: une minorité peut empêcher la diffusion de l’information. Dès qu’un nombre critique de voix se fait entendre (et que des médias s’en emparent), quelqu’un dans l’hiérarchie craint pour sa carrière. Si l’info était solide, il n’y avait pas à la retirer. Ils prêtent ainsi flan à la critique.
Mais dans le premier cas, en retirant le site, il n’y a plus de référence possible. Plus de contestation possible. Plus de point de comparaison. Plus moyen de juger par soi-même.
Le point aveugle du réseau: Pas de données? Pas de buzz!
Alerte aux bananes!
Si un citoyen veut faire « son enquête » (derrière son écran , dans son salon), il est bien mal pris. Il faudra bien qu’il se tourne vers les journalistes, qui sont payés pour ce type de recherche, les seuls qui vont au-delà des données accessibles…
Ou on se tourne vers Google et ses caches. [cache 1, cache 2]
Et ce qu’on y trouve est tout de même inoffensif : «Savais-tu que la radioactivité est d’abord un phénomène purement naturel? Même ta banane du matin en contient !» S’en suit un questionnaire benêt du genre : 2 + 2 = ? (a) 4; (b) 8; (c) ma petite vache a mal aux pattes.
«Au Québec, les éléments radioactifs contenus dans le sol sont surtout:
a) l’uranium, le thorium et le potassium. b) le planétarium, l’insectarium et l’aquarium. c) le strontium, le plutonium et le silicium.
Ça ne ressemble pas à de la désinformation (au sens fort).
«Cette année, le thème abordé est : la radioactivité au naturel! Découvrez où et comment se manifeste la radioactivité dans notre environnement, comment on la mesure, quels sont ses effets et comment on l’utilise. Voyez ce qu’on vous propose pour mieux connaître et explorer le sujet.»
Si le thème est «radioactivité au naturel», il ne faut pas s’attendre à ce qu’on parle de Tchernobyl ou de la vitesse où on perd ses cheveux (et la vie) quand on est exposé à 6 sieverts et plus.
Mais ça fait un peu mesquin de ne pas aborder nulle part les dangers. Par exemple, quand on creuse dans le sol pour faire de jolies mines et qu’on remonte en trop grosse concentration de gentils éléments qui déséquilibrent la radioactivité au naturel.
Mais bon. On est assez grand pour juger par nous même. Inutile de retirer le site dès que quelques personnes lèvent le ton…