(Ce billet a été écrit suite au yulblog et représente un spin-off d’une conversation, c’est à dire que je reprends essentiellement des idées discutées et rajoute des réflexions lors de la retranscription)
Marie-Chantal (vu d’ici) et les blogues, c’est une histoire d’amour. Cette passionnée voudrait convertir tout le monde. Mais, comme moi, elle s’est rapidement heurtée à une incompréhension hébétée de son entourage. Elle a donc trouvée une métaphore pour expliquer ce qu’elle entend par bloguer.
Métaphore religieuse
Le perron de l’église d’antan était l’endroit où on échangeait les nouvelles. Que ce soit en parlant ou en affichant un papier sur le babillard, ce tableau d’affichage communautaire. La blogosphère reproduit virtuellement ce moment de contact perdu.
La limite que j’y voyais pour ma part, en choisissant cette métaphore, c’est qu’elle fait appel à un comportement actuellement disparu et que réinterprété aujourd’hui elle semble dire que l’on doit se déplacer à un endroit qui ne nous est plus familier, pour rencontrer des gens, somme toute, suspect d’une croyance en une force peu rationnelle et qui cherche à nous convertir.
Pas de quoi donner le goût de comprendre ce que sont les blogues.
Métaphore religieuse (bis)
Pour apporter mon grain de sel à la conversation, j’ai inversé la question : et si on trouvait la métaphore sur ce que sont les blogues, mais du point de vue du non-blogueur…
Inversée ainsi, l’approche me semble plus fertile pour identifier la façon de désamorcer l’appréhension des non-bloggueurs. Quelle est donc cette métaphore que je propose?
Je crois que la blogosphère leur apparaît comme le mur des l a m e n t a t i o n s (pour un non-croyant). C’est à dire une rangée de gens qui écrivent sur des petits bouts de papiers et qu’ils coincent dans une fente du mur.
Comment peut-on penser une seconde que l’on puisse retrouver ce que le blogueur avaient à dire et pourquoi diable ne fait-il pas juste se retourner un peu et parler à son voisin, si la conversation l’intéresse tant?
Bref, les blogueurs seraient des freaks, devant leur mur-internet, qui pensent que l’on va retrouver leurs multiples messages mélangés. Que ce soit en plus des l a m e n t a t i o n s, n’aide pas à s’intéresser aux blogues. Si c’est ça leur vision…
Déconstruire la métaphore
Comment rendre opérationnel cette métaphore? En la cassant!
Éliminer l’idée de la « synchronicité ». Sauf exception, on ne choisit pas entre bloguer ou voir des gens. On blogue quand on ne peut pas les rencontrer. Bloguer est la continuation de la conversation par d’autres moyens.
Éliminer l’idée du babillage d’ado. Sauf exception, écrire dans un blogue n’est jamais du texto comme on en trouve sur le SMS des cellulaires (Small Text Messaging sur les portables). On blogue des choses personnelles, intimes si l’on veut, ou intellectuelle autrement. Mais ça reste des écrits personnels, jamais des commandes. Et ce que nos semblables vivent ou pensent peuvent nous en apprendre beaucoup, ne serait-ce que parce que l’on y trouve nous ressemble étrangement…
Éliminer l’idée que les messages se perdent. On ne parle pas tout seul avec un micro dans une pièce vide. Le fil web, les engins de recherche et les agrégateurs permettent de faire percoler le billet de façon suffisamment longue pour qu’il trouve son public. En 2005 on ne retrouve pas l’info sur le web comme en 1995. C’est à dire par chance, à travers les What’s New et les signets que l’on revisite fréquemment.
Le dernier point induit des explications techniques. Leur faire comprendre que l’on peut « s’abonner » suffit en général pour leur donner confiance. « Fouiller » sur le web, n’est pas une activité passionnante pour tous, surtout quand les probabilités donnent 99% de pages inintéressantes.
Ce qui rend les pages intéressantes? Le réseau de ses connaissances. Si vous connaissez déjà la personne, il y a de forte chance que ce qu’elle a à dire vous intéresse. Ou si quelqu’un a quelque chose d’intéressant à dire, vous voudriez peut-être faire sa connaissance.
C’est l’embryon d’un réseautage.
Et fondamentalement, si la personne ne voit pas l’intérêt d’un réseautage (au sens large, pas seulement au sens professionnel), il y a peu de chance qu’elle s’intéresse aux blogues (en tant que producteur de contenu).
Le blogue est un outil de réseautage (au sens large) asynchrone et public (au sens strict). Pour l’asynchronie, outre le mot à 4 syllabes qui comptent triple dans les coins du Scrabble, c’est simple, c’est comme le courriel. Et le courriel ne fait que poursuivre ce qui se faisait avec le courrier traditionnel. Rester en contact en temps différé.
Quant à l’ouverture sur le public, cette condition est nouvelle. Mais il n’y a aucune barrière technique, seulement un changement de perspective dans l’acquisition de contacts. Mais là, on déborde largement de l’objectif de ce billet. Je note et on s’en reparle…
Mise à jour le 12 juillet :
Sylvain me fait remarquer que j’aurais pu rajouter que « l’ouverture au public » est du même ordre qu’un « courriel à tous », comme je l’avais écrit il y a quelques mois. Je suis pris en flagrant délit de ne pas (re)lire mes propres archives, comme je le déplorait dans un billet il y a quelques jours…
J’ai aussi profité de la mise à jour pour préciser le sens de ma métaphore du point de vue des non-blogueurs et corriger des fautes d’orthographes ;-(
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Pour rencherir sur ta conclusion, je pense que l’idée de faire un CC « au monde » ou de rajouter un bouton « to blog » au logiciel de courriel était une façon simple d’expliquer une partie du processus de publication du blogue. Je te laisse le soin de retrouver dans tes archives l’endroit ou tu en avais déjà fait mention, il me semble que cette conversation ou tu m’avais exposé cette idée a été reprise sur ton carnet…
Oui, Sylvain, tu fais référence à mon billet sur La Trinité expliquée aux paiens.
Je suis d’accord avec toi. J’aurais dû relire mes achives 😉
Imaginez votre logiciel de courriel préféré ainsi modifié:
TO:
CC:
BCC:
POST:
Alors publier sur un blogue (post) pourrait être considéré comme un message à tous.
Ou, plus précisément, un message à qui de droit. Un blogeur écrit un « courriel » à qui cela peut intéresser.
Pour distinguer une message à un réseau privé versus un réseau public, vous utilisez soit le courriel, soit votre blogue.
En parlant de mur des lamentations, on peut envoyer une prière au Kotel par Internet ici : http://www.tzetel.com