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Google versus Yahoo : le combat n’aura pas lieu

C’est Sylvain Carle qui m’a dit ça:

1. Yahoo occupe le territoire de l’entertainment en ligne que AOL cherchait à occuper il y 10 ans.

2. Google occupe le territoire de l’accès au contenu d’Internet que Yahoo cherchait à occuper il y 10 ans.

Très bon constat.

L’annuaire qui voulait devenir un boeuf
En Amérique du nord, on se rappelle d’AOL comme étant le géant numéro 1 qui cherchait à contrôler l’accès à Internet et à proposer du contenu « riche » (dans un environnement propriétaire). Aujourd’hui, Yahoo occupe ce territoire avec son portail (dans un environnent ouvert TCP/IP): aux États-Unis, il est la destination numéro 1 pour ce qui est du contenu structuré. Mais sa portion « annuaire web » est passée au « deuxième écran » (il faut maintenant « scrollé » pour le voir), car ce n’est plus sa priorité.

Le roseau et le chêne
On se rappelle pourtant qu’il y a 10 ans, Yahoo était l’annuaire par excellence de l’Internet. Avec sa célèbre grille de navigation, son indexation manuel, ses « what’s new », Yahoo était la porte d’entrée numéro 1 sur le web. C’est le territoire qu’occupe Google, aujourd’hui, avec son algorithme. Google est devenu incontournable : le « data » du web qui n’est pas sur Google est réputé inexistant…

Cela explique pourquoi aussi que Yahoo, qui se trouve à égalité avec Google aux États-Unis, est partout dans le monde en perte de vitesse. En s’occupant du contenu, Yahoo devient culturellement marqué : comme tout portail, son public se restreint à des marchés nationaux ou locaux.

Les fables de l’Internet
Dans les conditions actuels, je ne crois pas qu’il y aura un combat de titan entre Google et Yahoo, du moins pas de façon frontale, peut-être sur certaines marches, en périphérie, dans des manoeuvres de contournement, car il est clair qu’ils n’occupent plus le même territoire. C’est devenu un mythe.

Voici leur mission

Yahoo : To be the most essential global Internet service for consumers and businesses. (source)

Google : Organize all the world information and make it universally accessible and useful. (source)

Il reste qu’ils représentent deux conceptions très similaires « d’interface à l’information ». Mais leurs mission semblent se distancier aujourd’hui. On comprend aussi pourquoi le premier reste américain et le second est mondial…

Le reste n’est que fabulation.

(Texte légèrement mise à jour vendredi 8 juillet 2005)

Billet original sur http://zeroseconde.com

ZEROSECONDE.COM (cc) 2004-2012 Martin Lessard

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Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

2 thoughts on “Google versus Yahoo : le combat n’aura pas lieu

  1. Quant on regarde comment les lecteurs arrivent sur un blog, on peut noter que les principaux concurrents de Google (mais loin derrière !) s’appellent Technorati, Delicious, et les divers lecteurs RSS. De plus en plus, face à l’amas d’information publiées sur le web, on aura tendance à sélectionner nos lectures via des systèmes de recommandations de type technorati, delicious, bloglines, et autres outils partagés. Evidemment, là, je ne parle que du monde des blogs, qui est loin d’être le web à lui seul. Mais le mouvement vers les systèmes de recommandations est quand même un mouvement qui prend sa place au soleil. Et ce n’est pas fini.

  2. Natc, les systèmes de recommandation sont effectivement loin derrière – pour l’instant. Je suis prêt à te croire : ces « nouveaux intermédiaires » vont prendre plus de place à l’avenir.

    Mais je perçois tout de même qu’il existera une ligne de démarcation entre 2 systèmes : celui du « data retrieval » (services que tu as nommés) et les « content shuffling » (comme Yahoo, MSN , AOL). Les premiers sont des bibliothèques, les deuxièmes sont des théatres. Les deux dispansent de l’information (tri, sélection, recommandation) mais avec une différence de genre quant à la conception de leur public (pull versus push, en quelque sort, ou, plus trivial, informer versus divertir) (mais là on rentre dans le domaine glissant de la perception et des goûts…)

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