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Se voir comme une node d’information

Clément lance un coup de gueule:

« Il faut arrêter de dire que les Feeds RSS c’est geek! Il faut démystifier cela! C’est pas geek, c’est la prochaine étape, pour tous, c’est une nécessité de comprendre cela. Dire que c’est geek, c’est ne pas rendre service aux gens. C’est leur dire qu’il ne pourront pas passer à l’étape suivante, c’est paternaliste. »

Le co-auteur de Dix questions et dix réponses au sujet des fils xml-rss (en format pdf) s’en prend à cette apathie qui fait dire que le grand public n’est pas prêt à adopter le fil web

Il faut évidemment abandonner tout acronyme. Comprendre le rss demande plus un travail cognitif que technique.

Je crois que nous avons presqu’atteint les 3 conditions pour que le grand public adopte le fil web :

(a) un nom prononçable : « fil web » (qui fait très bien l’affaire)

(b) l’abonnement en 1 clic (assez répandu pour les agrégateurs en ligne)

(c) l’intégration dans les navigateurs (Firefox et son liveBookmark ou Lektora pour IE pour IE et Firefox sous Windows).

Alors pourquoi l’adoption se fait attendre?

Pour avoir des fils webs, il ne faut pas oublier 3 choses :

  • il faut être devant son ordinateur plusieurs heures par jour,
  • il faut vouloir lire des informations devant ce même écran
  • et il faut vouloir consommer ou avoir besoin de consommer *beaucoup* d’information.

Pour prendre une métaphore simple: une page web, c’est un livre que je vais chercher à la bibliothèque. Un fil web, c’est une revue qui est livrée chez moi.

La technologie est adoptée quand elle répond à un besoin. Pour suivre des fils webs, comme pour lire des pages web à la dure (ou lire des revues papier), il faut ce qui manque toujours : du temps.

On s’abonne à un fil web (comme à une revue) quand on veut s’assurer de recevoir l’info qu’il nous manque (et pour se tenir au courant dans un domaine précis). Une salle des nouvelles a besoin de ses fils de presse pour se nourrir et ensuite créer du contenu.

Mais si quelqu’un n’est pas dans le besoin de créer du contenu (au sens large), le fil devient une surcharge d’information. Les revues s’empilent.

La plupart des gens ne se perçoive pas comme une salle de presse, c’est à dire qu’il ne voit pas l’intérêt de s’abreuver à des sources alternatives (autre que mainstream sur les médias de masse). Ils vont à la bibliothèque au cas par cas, selon l’humeur. Être au coeur d’un flux d’information live ne les intéresse pas.

C’est sur terrain que se trouve le frein à l’adoption du fil web : être capable de se voir comme une node d’information.

Si pour le particulier et la plupart des emplois, c’est compréhensible, pour tous ceux qui travaillent dans des métiers du savoir, de la science ou des relations sociales, c’est un exercice essentiel à faire.

Mais, résumons nous, pour ça il faut (1) travailler régulièrement devant un ordinateur, (2) avoir besoin d’informations fraîches, (3) et vouloir (ou être dans l’obligation de) communiquer. Il est normal que ce soit encore pour les geeks…

Billet original sur http://zeroseconde.com

ZEROSECONDE.COM (cc) 2004-2012 Martin Lessard

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Martin Lessard
Conférencier, consultant en stratégie web et réseaux sociaux, chargé de cours. Nommé un des 8 incontournables du Montréal 2.0 (La Presse, 2010). Je tiens ce carnet depuis 2004.
http://zeroseconde.com

3 thoughts on “Se voir comme une node d’information

  1. Je ne peux être que d’accord avec ta réplique, Clément

    Résumons nous: le ‘fil web’ s’utilise de trois façons:

    (1) comme fil de presse o`u les infogeeks puisent une matière première (ce qui était mon pêché de geekocentrisme);

    (2) comme système ‘de mise à jour automatique’ o’u des producteurs de contenu s’évitent des tâches routinières (comme ton exemple et celle d’André),

    (3) comme système de ‘notification’ o’u un utilisateur fait de la veille (comme l’exemple d’André).

    Je préciserais que dans le cas du troisième, ‘veille’ est pris au sens très large et ma mère pourrait faire de la ‘veille’ sur les dernières photos de son petit-fils mises sur Internet.

    D’ailleurs je crois que c’est là, sur ce troisième point que se trouve le phénomène qui va provoquer l’adoption de masse : au lieu d’envoyer des tonnes de courriels de photos du dernier nés ou des dernières vacances, le photo-blogs permettera au commun des mortels de voir d’un coup d’oeil qui dans la famille a mis à jour son site/journal/carnet…

    Dans ce cas, le changement de paradigme à surveiller sera l’abandon progressif du ‘inbox’ comme ‘agrégateur’ de ‘nouvelles’ (peut-être à cause des spams) pour le voir traverser vers le navigateur grâce à des outils comme Lektora par exemple ou LiveBookmark de Firefox…

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