Patrick Wilson dans son livre « Second-hand knowledge: An inquiry into cognitive authority » donnait cette définition:
“We shall say that person A is a cognitive authority for person B with respect to sphere of interest S to the degree that what A says about questions falling within sphere S carries weight for B. ( source )”
Sur Internet, les usagers doivent utiliser des mécanismes de contrôle pour réduire (filtrer) la masse d’information disponible, en l’absence de contôle de qualité que l’on retouve dans le monde de l’imprimé (revue des pairs, système de référence, réputation des éditeurs, crédibilité d’une institution d’enseignement, etc).
Quels sont les codes de reconnaissance sur lequel un usager d’Internet se repose pour décréter une information pertinente? Autrement dit, sur les 100 premiers liens que suggère Google à une question ouverte, quelle est la stratégie cognitive utilisée par l’usager pour décider de croire ce qu’il trouve?
Wilson propose quatre vecteurs de l’autorité cognitive ( source PDF ):
- Autorité personnelle (nom de l’auteur)
- Autorité institutionnelle (nom de l’hébergeur)
- Autorité du genre (type de document*)
- Autorité du texte (plausibilité intrinsèque du contenu)
(* le point 3, type de document: par exemple un dictionnaire possède en soi une crédibilité indépendamment de ces multiples auteurs, ou par exemple un rapport annuel…Sur le web on aurait le wikipedia ou le pdf).
Sur le web, le nom de l’auteur et l’hébergeur sont des codes de reconnaissances déjà connus. Par contre, la difficulté réside dans le « genre de document » et la plausibilité du texte. Est-ce que le carnet web est un genre de document? Je crois que oui. La montée des blogues corporatifs démontrent que ce type d’outil possède la crédibilité pour construire une autorité cognitive, rapidement. On s’en reparle ici.
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Pour l’instant je ne vois pas bien l’objet de votre doctorat à moins qu’il ne s’agisse d’une critique de Wilson? par ailleurs, votre deuxième paragraphe porte à confusion ; s’agit-il de la fiabilité de l’information ou de sa pertinence? (je crois qu’il faut se méfier ici d’un québécisme : « pertinent ») Et puis, comment pouvez-vous affirmer: « sur le web, le nom de l’auteur et l’hébergeur sont des codes de reconnaissances déjà connus » ? Le carnet web est bien sûr un genre de document au sens large, la question me semble : devrait-il être fiable « en soi » et la réponse : bien sûr que non. Sa fiabilité est sa valeur-ajoutée. Elle peut être apportée dans le cas des blogues corporatifs par la reconnaissance virtuelle d’une compagnie crédible qui y apposerait sa bannière mais ici on risque d’envahir le champ de « l’autorité du texte » puisqu’on glisse vers le contenu.
Mais j’imagine que vous avez déjà exploré ces embryons de sentiers.
L’objet de l’esquisse de mon projet de recherche relié à ma demande d’admission pour un éventuel doctorat a été détaillé dans un billet ultérieur (L’autorité cognitive sur Internet).
Votre première question me laisse penser que vous l’avez peut-être déjà lu.
Je m’intéresse moins à faire la critique de la notion d’autorité cognitive de Wilson qu’à la façon dont elle s’exerce dans la tête des gens lorsqu’ils consultent Internet.
Internet offre la possibilité d’engranger du savoir que notre mémoire jusqu’ici devait retenir. Vous voulez connaître la pensée de Marx, par exemple, il se pourrait qu’Internet vous apporte suffisamment d’information pour que vous puissiez vous en faire une idée par vous même. Les livres n’ont plus le monopole. Mais le problème du choix (du texte à lire) se pose avec encore plus d’accuité car Internet est aussi (et surtout) un territoire d’auto-publication, sans filtre éditorial (contrairement, en général, aux livres).
Votre deuxième question m’incite à préciser le sens que je donne à ‘pertinence’ (que je ne crois pas employer dans un sens local) : la construction de votre pensée sur marx, pour reprendre toujours le même exemple, doit trier ses matériau sur un critère de pertinence dans un monde d’abondance. Il n’y a pas de problème de rareté de l’information sur Internet, mais bien un problème de surabondance.
Votre notion de fiabilité fait appel à un (légitime) doute sur qualité de l’information. Mais elle n’est qu’un critère (d’ailleurs qui existait bien avant Internet) de la pertinence : la somme des liens retournée dans un engin de recherche m’oblige à décoder aussi d’autres critères pour savoir si je dois retenir et traiter la page web pour construire ma pensée…
Votre troisième question sur les codes de reconnaissance découle peut-être d’une mauvaise formulation de ma part : je veux dire que l’idée de citer le nom de l’auteur et celui de l’hébergeur comme critère de crédibilité n’est pas nouvelle. Changer « hébergeur » par « éditeur » et vous avez le réponse classique pour reconnaître la crédibilité d’un livre imprimé…
Le blog, en tant qu’outil, n’est pas plus crédible que n’importe quel autre outil. On s’entend. Par contre il est un terrain d’étude intéressant car, plus que tout autre sections du web, elle repose sur la notion d’autorité cognitive pour exister (car écrit à la première personne).
Si je cherchais à étudier exclusivement « l’autorité du texte » je crois que je regarderais du côté des wikis, texte « sans » auteur au sens classique du terme…
L’exploration ne fait que commencer…